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Les Annales de la Compagnie noire
- La Compagnie noire
- Le château
noir
- La Rose
Blanche
"La
Compagnie Noire"
Quatrième
de couverture :
Mercenaires
nous sommes et nous resterons. Que nous importe si la cause de notre employeur
est légitime ? On nous paye pour la servir.
Nous sommes la dernière des compagnies franches
de Khatovar. Nos traditions et nos souvenirs ne vivent que dans les présentes
annales et nous sommes les seuls à porter notre deuil.
C'est la Compagnie Noire contre le monde entier.
Il en a toujours été, il en sera toujours ainsi.
Pourtant, le jour où notre capitaine a signé
pour nous enrôler au service de la Dame et de ses dix Asservis, n'était-ce pas
signer avec le Mal lui-même ? N'était-ce pas renoncer à notre âme en allant
combattre les rebelles et l'espoir qu'ils placent en la Rose Blanche, la
libératrice mythique de ce monde qui ploie sous la sorcellerie ?
Résumé :
Regroupant les pires canailles, La Compagnie Noire est soudée
contre vents et marées par un sentiment d'appartenance à une entité supérieure
à chacun de ses membres, par un sentiment de fraternité dans la tourmente et
par delà les siècles. C'est une sorte de "famille" pour des
mercenaires qui veulent oublier leur passé peu reluisant et trouver un semblant
d'ordre. Mais s'enrôler pour la Dame, c'est signer un pacte avec les forces du
Mal, et ainsi combattre l'espoir qu'amènera la future Rose Blanche aux rebelles
unis pour sauver leur maigre illusion de liberté.
Mon avis
<;-D
La Compagnie
noire, en tant que roman de Dark Fantasy, porte
bien son nom. En un mot : sombre. L'atmosphère est lourde, écrasante, les
complots omniprésents. Des personnages complexes aux noms significatifs
(Toubib, Corbeau, Murmure, Silence, Gobelin, Qu'un-Oeil ...), une intrigue où
le Mal avec un grand M est intelligemment exploité, des Asservis au service de la Dame aux pouvoirs tous plus
étranges les uns que les autres... La Compagnie Noire est un roman haletant, dont la situation s'assombrit au fil des pages tout en convergeant sans le
savoir vers une lueur d'espoir placée au sein même de la tourmente... Vite : la
suite !
Les dix Asservis
originels au service de la
Dame :
- Volesprit
- Transformer
- Le Boiteux
- Rôde-la-Nuit
- Cou-tordu |
- Tempête
- L'Anonyme
- Le Hurleur
- Craque-les-Os
- Croquelune |
Extraits :
1- Le Mal est relatif, annaliste. On ne peut pas lui mettre
d'étiquette. On ne peut ni le toucher, ni le goûter, ni l'entailler avec une
épée. La Mal dépend de quel côté on se trouve, de quel côté on pointe
son doigt accusateur.
2- Cette fois, je m'amusais avec l'enfance de la Dame. J'aime
imaginer l'enfance des scélérats. Quelles torsades et quels nœuds formaient
le fil qui reliait la créature de Charme à la petite fille qu'elle avait
été ? Prenons les petits enfants. A de rares exceptions près, ils sont
mignons, adorables, de vrais amours, aussi doux que du miel battu au beurre.
Alors d'où viennent tous les êtres malfaisants ? Quand je me balade dans nos
baraquements, je me demande comment un bambin rigolard et curieux a pu devenir
Trois-doigts, Jovial ou Silence.
"Le
château noir"
Quatrième
de couverture :
Tous les hommes naissent condamnés,
disent les sages. Ils tètent le sein de la mort. Son souffle apaise toutes
les âmes.
Nous avons connu
autrefois une ville dédiée à son culte, si vieille qu'elle avait perdu le
souvenir de cette consécration.
Or il lui fallut
affronter une menace plus immédiate : un spectre de jadis qui cherchait à
revenir parmi les vivants depuis une éminence surplombant la ville. C'est
pourquoi la Compagnie noire a fait route loin vers le Nord, au-delà des
frontières de l'Empire de la Dame.
Mais l'histoire ne
débute pas ainsi. Nous étions loin, alors. Seuls deux anciens amis et une
poignée d'hommes que nous allions rencontrer par la suite faisaient face au
péril.
Résumé :
La compagnie noire remonte une fois de
plus ses manches pour la Dame et ses asservis, en direction de la misérable
Génépi à l'autre bout du continent et du terrifiant château en accroissement
constant qui la surplombe et dont la Dame elle même semble avoir une peur
panique.
Parallèlement, le lot
quotidien de morts de froid (ou d'autre chose...) dans les rues de Génépi la
nuit tombée ne cesse de diminuer de façon alarmante, inquiétant les Veilleurs
chargés du ramassage des corps et de tout ce qu'ils pourraient encore posséder
sur eux. On ne rigole pas avec la mort à Génépi, et encore moins avec ses
Veilleurs.
Mon avis
<;-D
Magistral avec un grand M.
Après la terrible
bataille de Charme et son résultat sans équivoque, la Compagnie noire se trouve
dans une position bien délicate, tiraillée entre les ordres de la Dame, ceux
des Asservis et la sauvegarde de sa propre cohésion menacée comme jamais
auparavant. Sans compter les secrets détenus par Toubib et Silence, secrets
pour lesquels la Dame serait prête à annihiler la Compagnie toute entière
sans une once d'hésitation.
Des livres comme
celui-ci, on les place sur un piédestal. Tout y est magnifiquement conté, les
personnages transpirent de réalité, les couards comme les courageux à la
limite du téméraire s'y transforment sous nos yeux, les enjeux sont énormes.
Un très beau livre, dont j'ai déjà commencé la suite... ;-))
Extraits :
1- Les enfants ont pointé la tête
au-dessus des herbes folles comme deux marmottes. Ils ont regardé la troupe
qui approchait. Le garçon a murmuré : "Y en a au moins mille." La
colonne s'étirait de loin en loin. La poussière qu'elle soulevait dérivait,
estompait le contour d'une colline distante. (...) Des rumeurs couraient : la
Dame entendait mater le rébellion renaissante dans la province de Tally. Et
s'étaient ses soldats qui étaient en marche, qui arrivaient, tout près
maintenant. Gueules de durs à cuire, patibulaires. Des vétérans. "Ce
sont eux !" a haleté le garçon. L'effroi de sa voix se teintait d'un
soupçon de respect presque admiratif. "C'est la Compagnie noire !"
La fillette ne
passait pas l'ennemi en revue. "Comment tu le sais ?" Le garçon a
désigné un cavalier taillé comme un ours et monté sur un rouan. Son port
dénotait l'habitude du commandement. "C'est lui qu'ils appellent le
capitaine. Le petit Noir à côté doit être Qu'un-Oeil, le sorcier. Tu vois
son chapeau ? C'est à ça qu'on le reconnaît. Les autres derrière sont sans
doute Elmo et le lieutenant." Estimant qu'ils avaient vu ce qu'on les
avait envoyés voir, le garçon a effleuré le poignet de la fillette.
"On met les bouts !" Ils ont filé dans les herbes vers la rive
boisée du ruisseau.
Une ombre leur a
barré le chemin. Ils ont levé les yeux et sont devenus blêmes. Trois
cavaliers les guignaient du haut de leur monture. Le garçonnet a ouvert la
bouche toute grande : impossible qu'ils se soient faufilés jusque-là à son
insu. "Gobelin !" a-t-il laissé échapper.
La cavalier du
milieu, un petit bonhomme avec une tête de grenouille, a grimacé un sourire.
"Pour te servir, petiot."
Malgré sa terreur,
le garçon n'a pas perdu ses moyens. Il s'est écrié : "Cours !" Si
l'un des deux pouvait s'en tirer...
Gobelin a décrit un
cercle d'une main. Des filaments lumineux rose pâle se sont entortillés. Il
a fait un geste de lancer. Le garçon s'est écroulé et débattu contre
d'invisibles liens comme une mouche dans une toile d'araignée. Sa sœur
gémissait à une douzaine de pas.
"On les
embarque, a déclaré Gobelin. Ils devraient nous servir une histoire
intéressante."
2- Je ne crois pas au mal absolu.
(...) Je nous trouve comparable à l'ennemi, et je crois que les notions de
bien et de mal sont déterminées après les événements par ceux qui
survivent. Il est bien rare de trouver parmi les hommes une incarnation de la
bonté ou du mal. (...) Quand à Corbeau, il n'avait pas glissé sur la pente
du puritanisme. Seul constat : il s'était englué plus profondément dans le
mal - certes pour servir la plus élevée des causes. Peut-être fallait-il en
tirer un message. Une réflexion sur le débat de la fin et des moyens. Notre
Corbeau avait agi avec l'amoralité pragmatique d'un prince de l'enfer, tout
cela pour sauver une enfant qui représentait l'espoir du monde entier contre
la Dame et la Dominateur.
Mon Dieu, qu'il
serait doux d'imaginer un monde où les problèmes éthiques se régleraient
comme sur un jeu de plateau, avec des poins noirs contre des poins blancs, des
règles bien établies, et pas la moindre nuance de gris.
"La
Rose Blanche"
Quatrième
de couverture :
Dix ans après sa victoire à Génépi
contre le Dominateur, la Dame règne sans partage...
Ne restent de la
Compagnie noire, son unité d'élite transfuge, que les quelques rescapés
ralliés à la Rose Blanche. A leur tête : Chérie, la jeune fille muette qui
neutralise la magie, ultime espoir de briser le joug de l'Empire.
Or l'échéance de la
Grande Comète approche. Elle marquera, dit-on, l'avènement définitif au
pouvoir d'une des forces en présence.
C'est alors que Toubib
se met à recevoir de curieuses missives. La clé de la victoire ou d'autres
menaces en perspective ? Car le Dominateur n'a pas dit son dernier mot.
Mon avis
<;-D
Vertigineux, au sens propre comme au
figuré !
On retrouve notre
Compagnie en bien piteux état, au beau milieu du désert de la Plaine de la
Peur, là où les menhirs parlent, les arbre marchent et les baleines volent, le
tout assaisonné de tempêtes transmuantes qui éclatent au hasard, changeant
hommes et bêtes en cauchemars vivants. L'heure du passage de la Grande Comète
approche, et le temps est compté jusqu'à l'affrontement qui doit avoir lieu
entre la Rose Blanche, la Dame, et peut-être un invité surprise mais ô
combien dangereux...
Dernier tome
de la première trilogie des
annales de la Compagnie noire, La Rose blanche se laisse boire comme du petit
lait, et évite le délayage systématique apparemment propre aux suites de bons
romans. Rempli de rebondissements, des personnages que l'on croirait presque
connaître personnellement depuis toujours... Le seul véritable défaut de ce
tome, c'est qu'il se lit trop vite !
Vraiment une trilogie
coup de cœur, on en redemande :))
Une suite
existe chez l'Atalante : Jeux d'ombre et Rêves d'acier sont
respectivement les quatrième et cinquième volumes des Annales de la Compagnie noire et les premier des
Books of the South, faisant suite aux Books of the North
qui constituent les trois précédents volumes.
Extraits :
1- L'air calme du désert avait la
limpidité d'une lentille. Les cavaliers paraissaient figés dans le temps,
ils se déplaçaient sans se rapprocher. Nous les avons comptés à tour de
rôle. Je n'arrivais pas à trouver deux fois le même chiffre. (...) Du sable
a crissé sous une semelle. Je me suis retourné. Silence était planté
bouche bée devant un menhir parlant. Il venait d'apparaître depuis quelques
secondes à peine et lui avait fichu la trouille. Sournois, ces cailloux. Ils
adorent les blagues.
"Il y a des
étrangers dans la plaine", a-t-il dit.
J'ai sursauté. Il a
ricané. Les menhirs ont un rire des plus sardoniques, à la limite du conte
à dormir debout. Je me suis glissé dans son ombre en grognant. (...) Les
cavaliers venaient vers nous, pourtant ils ne paraissaient toujours pas plus
proches. Usant pour les nerfs. Les temps sont plus que durs pour la Compagnie.
Nous ne pouvons nous permettre aucune perte. La disparition d'un de nos hommes
serait celle d'un ami de longue date. J'ai compté de nouveau. Le compta m'a
eu l'air bon cette fois. Mais une monture cheminait sans cavalier... J'ai frissonné
malgré la chaleur.
2- Tout est fluctuant. J'ai auguré
trois avenirs possibles. (...) Je n'avais ma place dans aucun. Selon l'un,
votre enfant muette triomphera. Mais c'est le cas de figure le moins plausible
; elle et tous les siens périront après leur victoire. Selon une autre, mon
mari brisera l'étau de son sépulcre et restaurera la Domination. Ces ténèbres
perdureront dix mille ans. Selon le troisième, il sera détruit à jamais.
C'est la vision la plus forte, celle qui aspire le plus à se réaliser. Mais
le prix est lourd... Les dieux existent-ils Toubib ? Je n'y ai jamais cru.
3- D'abord, son corps a refusé de se
détendre et n'a cessé de le distraire. Mais bientôt une profonde léthargie
l'a gagné. Son esprit s'est échappé des milliers de connexions qui
l'ancraient à sa chair. Il s'était libéré de son corps, mais d'invisibles
attaches sauraient l'y ramener. Si la chance ne l'abandonnait pas. (...) Il
s'est rendu aux abords des Tumulus. Tous les esprits enchaînés, des plus
insignifiants aux plus terribles, l'ont aussitôt repéré. Devant, des
sortilèges plus forts. (...) Mais Choucas a tenu bon, il est passé malgré
tout.
Plus de gardiens.
Juste la crypte. Et l'homme diabolique qui s'y trouvait était réduit à
l'impuissance. Il avait survécu au pire... Le vieux démon dormait
certainement. La Dame ne l'avait-elle pas terrassé lors de sa tentative
d'évasion à Génépi ? Ne l'avait-elle pas ramené ici maté ? (...) Là,
une dalle vide où avait dû reposer la Dame. Là, une autre, soutenant un
gisant. Un homme endormi, très beau mais marqué par le sceau du démon,
même dans son repos. Son visage irradiait un fiel brûlant et le dépit de la
défaite.
Ouf, donc. Ses
inquiétudes étaient dépourvues de fondements. Le monstre sommeillait, bel
et bien réduit à l'impuissance...
Alors le Dominateur
s'est assis. Et a souri. Du sourire le plus machiavélique que Choucas avait
jamais rencontré. La créature a levé la main en un geste de bienvenue.
Choucas a pris ses jambes à son coup. Un rire moqueur l'a poursuivi. (...)
Malgré son épouvante, il s'est efforcé de ne pas s'écarter de la traîne
brumeuse. Il n'a fait qu'un faux pas... Un seul mais suffisant. (...)
A l'étage, dans une
maison non loin, le corps de Choucas continuait de respirer à raison d'une
inspiration toutes les cinq minutes. Son cœur pulsait à peine. Il mettrait
longtemps à mourir, privé de son âme.
Liens
concernant Glen Cook et son oeuvre :
- http://www.xmission.com/~shpshftr/GC/GC-Home.html Le
site non officiel des fans - en anglais -
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