Accueil
Intro
Bibliothèque
Genres littéraires
Guide de lecture
SF vs Fantasy
De la magie en Fantasy
Top 10
Faire une
critique de roman
Livre d'or
Le forum
Historique
Liens
E-mail
|
| |
Retour
à la bibliothèque SF et Fantasy
- Des
milliards de tapis de cheveux
- Station
Solaire
"Des
milliards de tapis de cheveux"
Quatrième
de couverture :
Nœud
après nœud, jour après jour, toute une vie durant, ses mains répétaient les
mêmes gestes, nouant et renouant sans cesse les fins cheveux, comme son père
et le père de son père l'avaient fait avant lui...
N'est-ce pas étrange qu'un monde entier s'adonne ainsi au tissage de tapis
en cheveux ? L'objet en est, dit-on, d'orner le Palais des Étoiles, le demeure
de l'Empereur. Mais qu'en est-il de l'Empereur lui-même ? N'entend-on pas qu'il
aurait abdiqué ? qu'il serait mort, abattu par des rebelles ?
Comment cela serait-il possible ? Le soleil
brillerait-il sans lui ? Les étoiles luiraient-elles au firmament ?
L'Empereur, les rebelles, des milliards de tapis de
cheveux ; il est long le chemin qui mène à la vérité, de la cité de
Yahannochia au Palais des Étoiles, et jusqu'au Palais des Larmes sur un monde
oublié...
Né en 1959, Andreas Eschbach est la figure de proue
de la science-fiction allemande. Voici son premier livre traduit.
Résumé
:
La Guilde des
tisseurs ainsi que les marchands de tapis en
cheveux, tapis représentants chacun l'œuvre de toute une vie de labeur et de privations pour chaque
tisseur et sa famille, pourraient-ils survivre à la venue de cet étrange
hérétique qui possède sur lui une photographie de l'Empereur, LEUR Empereur
ALeksandr XI régnant depuis plusieurs millénaires sur l'ensemble de l'univers
habité, mort et pendu par les pieds ?
Mais pourquoi donc a t'il fallu que ce Nillian Jegetar Cuain
décide d'atterrir, seul et contre l'avis du Conseil des rebelles, sur cette
misérable planète dont les habitants ne cessent de tisser obstinément des
tapis en cheveux humains pour un Empereur-tyran défunt depuis 20 ans maintenant
? Le Conseil rebelle n'avait vraiment pas besoin de ça, au moment où la
construction d'un nouvel ordre universel requière justement toute son
attention.
Mon avis :-))
L'obstination avec laquelle les tisseurs se cramponnent à leurs
traditions, aussi cruelles soient-elles (une vie entière consacrée à un seul
tapis ; la présence d'un seul enfant mâle par famille, les autres étant
assassinés ; la prise de concubines de couleur de cheveux différente de celles
de sa première femme...) force l'étonnement et va même au-delà. Étant
construit comme une succession de nouvelles se situant dans le même univers, chacun des chapitres
du roman apporte
un complément à l'univers décrit et une vision différente de la situation, personnage par
personnage ou suivant des corps de métier. Une sombre histoire de pouvoir,
très bien écrite, aux causes
machiavéliques insoupçonnables et dont les dernières pages détiennent la
clé...
A noter que Des
milliards de tapis de cheveux a gagné le grand prix de
l'Imaginaire 2001.
Extraits :
1- Qui donc avait jamais vu l'Empereur ? On ne savait même pas où il
vivait ; on savait seulement que ce devait être sur une planète très,
très éloignée. Bien sûr, il y avait les photographies, et le visage de
l'Empereur était plus familier à chacun que celui de ses propres parents.
On racontait que l'Empereur était immortel, qu'il vivait et régnait sur
l'humanité toute entière depuis la nuit des temps... On disait tant de
choses, mais on n'était sûr de rien. Si l'on se laissait aller à douter,
ne serait-ce qu'une fois, on se trouvait entraîné dans un cercle infernal
dont on ne pouvait plus sortir.
2- "Mais qu'est-ce que vous croyez ? A votre avis, pourquoi tous,
aux quatre coins du monde, consacrons-nous tous nos efforts et toute notre
vie à tisser les tapis en cheveux ? Pensez-vous réellement que ce soit
juste pour éviter à notre Empereur d'avoir à fouler de son pied la pierre
nue ? D'autres artifices feraient aussi bien l'affaire. Non, tout cela, tous
ces rites ne sont rien d'autre que des présents que notre Empereur a la
bonté de nous offrir (...) pour éviter que nous ne nous égarions loin de
lui et que nous ne courions à notre perte. A chaque cheveux qu'un tisseur
choisit et noue, il garde ceci présent à l'esprit : J'appartiens à
l'Empereur. Et vous tous, pâtres, agriculteurs, artisans, vous rendez
possible le travail des tisseurs. Vous êtes aussi autorisés à vous
répéter, à chaque geste que vous faites : J'appartiens à l'Empereur. Ce
que je fais, je le fais pour l'Empereur."
3- Il fut absolument sidéré de constater que ces livres, qui
provenaient de trois mondes différents, mentionnaient tous l'existence des
tisseurs de tapis en cheveux. (...) Il s'était mis à faire les comptes.
(...) Rien qu'à Yahannochia et dans ses alentours vivaient environ trois
cents tisseurs. Combien d'autres villes similaires pouvaient bien exister ?
Il l'ignorait, mais ses estimations les plus timorées laissaient présager
un nombre absolument phénoménal de tapis qui étaient chaque année
convoyés par les marchands jusqu'à la ville portuaire, et de là transmis
aux vaisseaux impériaux. (...) Quelles dimensions pouvait bien avoir ce
palais impérial pour que la production d'une planète entière ne puisse
suffire à le couvrir de tapis ? (...) Et qui savait combien d'autres
planètes il pouvait encore exister ?...
"Station
Solaire"
Titre
original : - Solarstation -, 1996
Quatrième
de couverture :
2015. La station
expérimentale Nippon orbite à quatre cents kilomètres de la Terre. Son
rôle : étudier et développer les technologies de captage et de transmission
de l'énergie solaire depuis l'espace. Le succès de la mission ouvrira de
nouveaux espoirs à un monde qui dévore ses sources d'énergie.
Alors
pourquoi des incidents à bord laissent-ils soupçonner qu'une entreprise de
sabotage est à l'œuvre ?
Pire
est la vérité : avec la découverte d'un premier meurtre débute le compte à
rebours d'un plan diabolique dont on ne comprendra que trop tard l'objectif.
Neuf
hommes et femmes en apesanteur dans le huis clos de la station solaire.
Un
frileur magistral par l'auteur de Des milliards de tapis de cheveux.
Mon avis :-)
Si l'on retrouve
l'écriture agréable d'Andreas Eschbach, et sa façon de manier
ses personnages comme les rouages d'une énorme machine, Station Solaire
n'en reste pas moins au-dessous de Des milliards de tapis de cheveux. Ne
serait-ce que parce qu'il pourrait tout aussi bien s'agir d'un roman d'aventures
placé dans des conditions particulières, à savoir le confinement de plusieurs
personnes dans une station orbitale innovante et porteuse d'espoirs pour
l'avenir de la Terre, le tout dans un futur proche au contexte géopolitique
agité.
Si
quelques imprévus de dernière minute viennent sans cesse relancer l'intérêt
pour l'équipage du Nippon et l'utilisation potentiellement dangereuse de la
station, certains passages n'apportent pas grand chose au récit, au contexte ou
à la psychologie des personnages. Le véritable problème soulevé au cours du
roman n'est pas assez exploité à mon avis, il pourrait davantage être
extrapolé dans le futur par les personnages, ce qui offrirait une dimension
supplémentaire aux forces en présence.
Donc,
si vous voulez un bon roman d'aventures dans l'espace, avec combinaisons
perfectionnées, traîtres et grands méchants, matériel informatique et
électronique plus ou moins sophistiqués, couloirs et pièces minuscules et
enfin ustensiles de cuisine pour chef cuistot en apesanteur, n'hésitez plus :
c'est Station Solaire qu'il vous faut !
Extraits :
1- Au même moment,
à Hawaii, le soleil jetait ses derniers feux. En regardant le ciel en
direction du nord, on pouvait sans doute voir notre station pointer à
l'horizon et percer le crépuscule, tel un point minuscule mais aisément
identifiable à l'œil nu. Tout était prêt pour qu'on nous envoie un rayon
laser, directement braqué sur notre émetteur d'énergie. Ce n'était
plus qu'une question de secondes. L'énergie coulerait ensuite le long de ce
rayon avant de rejoindre la Terre et d'être absorbée par une gigantesque
grille de récupération de près d'un kilomètre carré qui tanguait dans les
eaux du Pacifique, au nord de la petite île de Nihoa.
Normalement,
ça marchait.
2-
Je ne pus m'empêcher de penser à la première guerre du Golfe, à laquelle
j'avais participé et que nous appelions simplement, à l'époque, la
guerre du Golfe. La seconde, elle, faisait rage depuis plusieurs années,
gigantesque incendie qui avait envahi tout le monde arabe, dévastait
l'Afrique du Nord et serpentait depuis longtemps en direction de l'Europe et
de la Russie. Cela faisait presque un an que les Djihadis s'étaient emparés
de la ville sainte de La Mecque et, lorsque nous passions au-dessus de
l'Arabie, j'avais parfois l'impression de voir un désert rouge de sang. Des
images ressurgirent en moi : je me voyais encore, du haut de mes vingt et un
ans, costaud, sûr de moi, décoller de la piste du porte-avions et partir
larguer des bombes mortelles sur des cibles irakiennes données par
ordinateur. L'ennemi n'avait pas l'ombre d'une chance, Dieu était à mes
côtés. (...) Le guerre d'alors me semble aujourd'hui incarner l'ultime
sursaut d'une époque désormais révolue. Lorsque j'étais petit, les choses
étaient parfaitement simple. D'un côté les gentils Américains, de l'autre
les méchants Russes. Une configuration inébranlable, inéluctable. Les plus
forts, c'étaient nous, et ça tombait plutôt bien puisque, par chance, on
était aussi les gentils. De temps à autre, on avait un peu peur de la bombe.
Mais ça s'arrêtait là. Jusqu'au jour où l'Empire du Mal disparut. D'un
coup, comme ça. Il éclata comme un bulle de savon, et dans les années qui
suivirent on put réellement voir l'Amérique perdre elle aussi de sa
splendeur, comme si sa propre puissance avait directement dépendu de celle de
son adversaire. On jeta aux orties tout ce qui avait fait notre puissance, on
organisa notre propre suicide.
3- Néanmoins, quand
des légumes étaient au menu, j'avais besoin d'aide car, dans l'espace, ce
type de préparation est tout sauf facile. Étape numéro un : découper.
N'allez pas croire que les morceaux vont rester bien sagement alignés sur la
planche comme ils le feraient sur Terre. A la moindre seconde d'inattention,
ils se mettent à virevolter joyeusement autour du cuistot. On avait fait de
nombreux essais avec tout un tas d'appareils compliqués, mais il était
finalement apparu que la solution la plus facile consistait à travailler sur
une planche en plastique humide. L'eau créant une adhérence, les
morceaux restent collés en quantité suffisante et on peut ensuite
tranquillement les glisser dans la casserole.
D'où,
second problème intéressant : la casserole, justement. Bien entendu, inutile
d'espérer utiliser une cocotte ordinaire, ne serait-ce que parce qu'on
utilise pas non plus de cuisinière ordinaire. Un faitout s'envolerait, le
couvercle s'ouvrirait sous la pression exercée par la vapeur, les aliments se
détacheraient des parois et se transformeraient en un truc ressemblant
vaguement à une grosse boule gluante. Bref : après la bataille, la cuisine
aurait des allures de champ dévasté.
4- Mon regard tomba
une fois de plus sur la mappemonde et je bus une autre gorgée. Si ce type de
carte avait connu un succès aussi fulgurant, c'est sans doute parce qu'il
rendait parfaitement compte des rapports de forces du vingt et unième
siècle. Comparées à ce que j'avais connu dans mon enfance, les zones
d'influence s'étaient radicalement déplacées. Le Pacifique constituait
l'espace économique le pus important. Le Japon, largement en tête des
nations industrialisées, occupait sur ce planisphère la place qui lui
revenait de droit : celle du milieu. A ses côtés, la Corée, son concurrent
direct. Et la Chine, gigantesque puissance économique - ne serait-ce que par
sa masse - sur le point de donner le coup de grâce à la couche d'ozone de
l'hémisphère nord par une campagne de mobilisation aussi obstinée
qu'incompréhensible. L'australie. Et de l'autre côté du Pacifique, on
trouvait les pays du littoral sud-américain, toujours à la traîne, et les États-Unis
: Los Angeles, qui se remettait difficilement des conséquences des deux
derniers grands séismes, et Seattle. Le reste du God's Own Country
était tombé entre les mains de fous religieux et de fanatiques qui se
prenaient pour des ultra-écologistes, mais dont le principal soucis était de
ruiner l'économie nationale en la ravalant au niveau de celle d'un pays en
voie de développement. Seuls deux Américains sur trois étaient encore
capables d'écrire autre chose que leur propre nom, et il était devenu
illicite d'enseigner à l'école les théories de l'évolution de Darwin.
Quand
à l'Europe, dont on avait redouté un temps la puissance que lui aurait
donnée l'unification de son économie, elle avait précisément commis
l'erreur de ne pas jouer cette carte. Elle s'était disloquée en une
multitude de petits états et restait essentiellement focalisée sur ses
propres problèmes. Quand les gens s'étaient rendus compte que l'union ne
faisait pas le bonheur, un grand nombre de mini-conflits et d'obscures
escarmouches avaient éclaté un peu partout, et, au final, l'Europe offrait
au reste du monde l'image d'un hospice peuplé de vieillards séniles et
querelleurs. Quand on demandait aux gens, dans les rues de Tokyo, de Séoul ou
de Melbourne, ce qu'ils pensaient du vieux continent, on obtenait une réponse
qui aurait pu tout aussi bien s'appliquer aux Aztèques ou aux Babyloniens :
" Une civilisation grandiose... mais pourquoi diable a-t-elle sombré ?
"
Au
Proche-Orient et en Afrique du Nord, en revanche, le monde arabe était le
théâtre des guerres de religion les plus démentielles que l'histoire avait
jamais connues. (...)
Pour
le reste... L'Afrique mourait du sida. Quant à la Russie, qualifier sa
situation de chaotique aurait été insultant pour le chaos.
Liens
concernant Andreas Eschbach et son oeuvre :
- http://www.andreaseschbach.de/
Le site officiel - en allemand -
- http://webhome.infonie.fr/fbeurg/lecture/eschbach.html
Critiques de ses romans parus en France - en français
-
Retour au haut de la page
|