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"Mille
fois mille fleuves..."
Christian
Léourier, 1987

Quatrième
de couverture :
"Mille
fois mille fleuves ont balayé la Terre, avant de se perdre en un seul
océan..."
Choisie
entre toutes par les Gardiens des Eaux pour être la nouvelle épouse du fleuve,
Ynis doit quitter son village, s'initier aux mystères de la Cité Secrète, et
apporter son tribut à la réincarnation du Vieux Saumon. Fascinée par les
hommes oiseaux, dont on dit qu'ils sont un jour tombés du ciel, elle succombe
au charme de Stern, qui prétend, lui, venir d'une planète lointaine. Mais la
faute est si grave que les amants doivent fuir, tandis que le fleuve se venge de
son épouse infidèle.
Commence
alors pour Ynis et l'homme oiseau une aventure qui les emmènera dans le monde
inconnu des montagnes, une aventure et un amour qui dureront toute leur vie...

Mon avis :-\
Les quelques moments de
poésie, surtout aquatiques, saupoudrés d'un léger voile de trouvailles
mythologiques ne suffisent pas, à mon humble avis, à faire entrer pleinement
le lecteur dans l'histoire. Les descriptions ne sont pas assez détaillées, les
dialogues trop vite finis pour qu'une réelle sympathie (ou antipathie)
s'installe envers les personnages, eux aussi trop peu développés à mon goût.
Il est vrai que Mille fois mille fleuves... n'est pas un long roman,
mais il manque le petit plus qui excite l'imagination et donnerait à ces hommes
oiseaux venus d'ailleurs en quête du grand Rassemblement la dimension
d'ambiguïté qui leur revient.

Extraits :
1- Pour cette veillée, Gwener avait réservé la
part la plus merveilleuse de son récit : son escale aux îles Vermeilles.
Là-bas, nul besoin de cultiver le sol ; de toutes les vallées, les
marchandises affluent en si grand nombre qu'on a peine à imaginer quels efforts
coûtent les moissons. Aussi les cités ne sont-elles pas construites sur des
pilotis ; leurs fondations s'ancrent sur des îlots protégés des crues par
tout un ensemble de digues et de murailles. Plus étonnant encore, comme elles
n'ont pas besoin d'être légères, toutes les constructions sont en pierre.
2- Ce matin, l'appel des crieurs a ricoché sur
les eaux. Les flotteurs de bois seront là dans deux jours. Maints récits
courent sur ces bûcherons farouches, qui descendent des montagnes à
califourchon sur les tronc dont nous, hommes de fleuves, avons besoin pour
bâtir nos digues et nos maisons. Ils sont taiseux, voire contempteurs. Ils ne
nous ressemblent pas, et adorent des dieux cruels, des dieux des terres sèches.
On les croit volontiers voleurs, méprisants qu'ils sont de la justice du Vieux
Saumon. Pourtant ils savent des histoire inouïes, eux qui assistent à la
naissance des rivières.
3- Parfois, nous traversons un ruisselet. J'éprouve
à le voir cet attendrissement que l'on ressent devant un nouveau-né.
4- Naguère, j'avais peur de l'obscurité. La nuit,
sur un fleuve, c'est le temps des bruits inhumains. Les murmures de l'eau. Le
saut de bêtes ignorées. Le ricanement des génies. Le cri des rapaces. Le
complot des roseaux. Aujourd'hui, le noir m'apaise. Mais mes paupières
s'alourdissent. La fatigue m'emporte. Je lutte pour ne pas lui céder.

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