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La Glace et le Feu
Titre
original : - A Song of Ice and Fire -
- Le
Trône de Fer
- Le
Donjon Rouge
- La
Bataille des Rois
- L'Ombre
Maléfique
- L'invincible
forteresse
"Le
Trône de Fer"
Titre
original : - A Game of Thrones -, 1996
Quatrième
de couverture : Il
était une fois, perdu dans un lointain passé, le royaume des Sept Couronnes...
En
ces temps nimbés de brume, où la belle saison pouvait durer des années, la
mauvaise toute une vie d'homme, se multiplièrent un jour des présages
alarmants. Au nord du Mur colossal qui protégeait le royaume, se massèrent
soudain des forces obscures ; au sud, l'ordre établit chancela, la luxure et
l'inceste, le meurtre et la corruption, la lâcheté et le mensonge enserrèrent
inexorablement le trône convoité.
Pour
préserver de l'ignominie les siens et la dynastie menacés se dresse alors,
armé de sa seule droiture, le duc Stark de Winterfell, aussi rude que son
septentrion natal. Mais, en dépit du pouvoir immense que vient de lui conférer
le roi, a-t-il quelque chance d'endiguer la tourmente qui se lève ?
Dans
la lignée des Rois Maudits et d'Excalibur, Le Trône de Fer plonge le lecteur,
sans lui laisser reprendre souffle, dans un univers de délices et de feu.
L'épique et le chevaleresque côtoient sans cesse le vil et le démoniaque. La
bravoure et la loyauté se heurtent à la duplicité et à la fourberie. Mais
dans ce tourbillon d'aventures cruelles, ce sont finalement l'amour, la
tendresse, l'indestructible force de l'amitié qui rayonnent au-dessus des
ténèbres.
Mon avis :-))
Le côté très
rebutant de la quantité de personnages, principaux ou secondaires (extrêmement
nombreux), mis en oeuvre au début de cette saga, et qu'il nous faut néanmoins mémoriser au risque d'être vite perdu, s'estompe lorsque l'action
débute vraiment. Ceux-ci prennent alors vie sous la plume de G.R.R. Martin et
leurs destins ne cessent de se croiser et de s'entrecroiser pour le meilleur
comme pour le pire. Tout au long de ce premier roman, on acquière une montée en
puissance sur tous les plans : psychologie des personnages, situation
politique, signes annonciateurs de mauvais augures, légendes qui
ressurgissent petit à petit...
Naviguant
dans un univers chevaleresque, Le Trône de fer ne fait quasiment pas intervenir
la magie ni les créatures associées à la fantasy pour le moment, se
concentrant surtout sur la construction de personnages crédibles (chaque
chapitre se focalise sur l'un d'entre eux), étonnamment bien éloignés des
clichés du genre : un vrai régal pour les amateurs lassés de l'éternel
chevalier parfait et du jeune héros qui va affronter son destin déjà tout
tracé. Ici, les incertitudes sont à l'honneur et les surprises, bonnes ou
mauvaises, plus que nombreuses.
Et
souvenez-vous : l'hiver vient...
Principaux
personnages :
Maison Targaryen
(le dragon)
Le prince Viserys,
prétendant "légitime" au Trône de Fer, en exil à l'est depuis le
renversement et la mort de ses père, Aerys le Fol, et frère, Rhaegar.
La
princesse Daenerys, sa sœur, épouse du Dothraki Khal Drogo.
Maison Baratheon
(le cerf couronné)
Le roi Robert, dit
l'Usurpateur.
Lord
Stannis, seigneur de Peyredragon, et lord Renly, seigneur d'Accalmie, ses
frères.
La
reine Cersei, née Lannister, sa femme.
Le
prince héritier, Joffrey, la princesse Myrcella, le prince Tommen, leurs
enfants.
Maison Stark (le
loup-garou)
Lord Eddard (Ned),
seigneur de Winterfell, Main du Roi.
Benjen
(Ben), chef des patrouilles de la Garde de Nuit, son frère, porté disparu
au-delà du Mur.
Lady
Catelyn (Cat), née Tully de Vivesaigues, sa femme.
Robb,
Sansa, Arya, Brandon (Bran), Rickard (Rickon), leurs enfants.
Jon
le Bâtard (Snow), fils illégitime officiel de lord Stark et d'une inconnue.
Maison Lannister
(le lion)
Lord Tywin,
seigneur de Castral Roc.
Kevan,
son frère.
Jaime,
dit le Régicide, frère jumeau de la reine Cersei, et Tyrion le nain, dit le
Lutin, ses enfants.
Maison Tully (la
truite)
Lord Hoster,
seigneur de Vivesaigues.
Brynden,
dit le Silure, son frère.
Edmure,
Catelyn (Stark) et Lysa (Arryn), ses enfants.
Extraits :
1- Entre-temps, Jon, Jory et Theon
avaient également démonté, et ce dernier s'ébahissait : "Mais que
diable est-ce là ?
- Une louve, répondit
Robb.
- Une farce !
Regardez sa taille... ?
Malgré la neige qui
lui montait jusqu'à la ceinture, Bran, le cœur battant, parvint à se couler
au centre du groupe.
A demi ensevelie dans
la neige maculée de sang, une énorme masse sombre gisait, terrassée par la
mort. (...) Bran entrevit les orbites aveugles où des asticots grouillaient,
les babines crispée sur des crocs jaunis, mais ce qui le laissa pantois,
c'est que la bête était plus grosse que son poney, et deux fois plus grande
que le plus colossal des limiers qu'entretenait son père.
- Pas une farce,
rectifia Jon, impavide. Un loup-garou. C'est plus gros que les autres, adulte.
- Mais ça fait deux
cents ans, protesta Greyjoy, qu'on en a pas repéré au sur du Mur...
- Hé bien, voilà
qui est fait.
2- Pourquoi tant lire
?
La voix le fit
sursauter. A deux pas de lui, Jon Snow l'observait avec curiosité. Un doigt
glissé entre les pages, Tyrion ferma son livre. "Regarde moi, et dis ce
que tu vois."
Le garçon le
considéra un instant d'un air méfiant. "Est-ce une blague ? Je vous
vois. Vous, Tyrion Lannister.
- Tu es étonnamment
poli, pour un bâtard, Snow, soupira Tyrion. Ce que tu vois est un nain. Tu as
quoi, douze ans ?
- Quatorze.
- Quatorze, et tu es
plus grand que je le serai jamais. J'ai des jambes courtes et torses, je
marche avec difficulté. Il me faut une selle spéciale, ou je tomberais de
cheval. Une selle que j'ai dessinée moi-même, au cas où cela
t'intéresserait. Le chois était simple : elle ou un poney. Mes bras ne
manquent pas de force mais, une fois encore, de longueur. Je ne saurais être
un bretteur. Né paysan, on m'eût laissé dehors jusqu'à ce que mort
s'ensuive, ou bien vendu à un marchand de pitres. Par malheur, je suis né
Lannister, à Castral Roc, et les pitreries n'y siéent guère. On attend autre
chose de moi. Mon père fut vingt ans Main du Roi. De ce même roi qu'en l'occurrence
mon frère tua par la suite, mais la vie est fertile en petites dérisions de
cet acabit. Le nouveau roi a épousé ma sœur, et mon répugnant neveu lui
succédera sur le trône. Je dois contribuer au lustre de ma maison, quant à
moi, n'est-ce pas ? Reste à définir comment. Eh bien, tout disproportionné
que je suis, les jambes trop courtes pour mon torse et la tête trop grosse,
je préfère trouver celle-ci taillée sur mesure pour mon esprit. Si
j'examine crûment mes forces et mes faiblesses, je n'ai d'autre arme que mon
esprit. Mon frère a son épée, le roi Robert sa masse d'armes, moi mon
esprit..., et l'esprit a autant besoin de livres qu'une épée de pierre à
aiguiser pour conserver son tranchant." Il tapota la reliure de cuir.
"Voilà pourquoi je lis tant, Jon Snow."
"Le
Donjon Rouge"
Titre
original : - A Game of Thrones -, 1996
Quatrième
de couverture : (Attention spoiler !) Comment
Lord Eddard Stark, seigneur de Winterfell, Main du Roi, gravement blessé par
traîtrise, et par là même plus que jamais à la merci de la perfide reine
Cersei ou des imprévisibles caprices du despotique roi Robert, aurait-il une
chance d'échapper à la nasse tissée dans l'ombre pour l'abattre ?
Comment,
armé de sa seule et inébranlable loyauté, cerné de toutes parts par
d'abominables intriques, pourrait-il à la fois survivre, sauvegarder les siens
et assurer la pérennité du royaume ?
Comment
ne serait-il pas voué à être finalement broyé dans un engrenage infernal,
alors que Catelyn, son épouse, a mis le feu aux poudres en s'emparant du
diabolique nain Tyrion, le frère de la reine ?
Si
les hautes figures, les personnages émouvants et les monstres sadiques
conservent dans le Donjon Rouge la place de choix qu'ils occupaient dans le
Trône de Fer, ce sont surtout les femmes qui tiennent cette fois les premiers
rôles : lionnes ou louves, amantes, épouses ou mères, jeunes filles en fleur
innocentes ou rebelles, elles réservent à leurs seigneurs et maîtres, censés
pourtant dominer la partie, les plus suaves et déchirantes surprises..
Mon avis <;-D
Les caractères
s'échauffent, leur rencontre fait des étincelles, les ennemis les plus vicieux
ne sont pas toujours ceux que l'on croit et les alliés tombent comme des
mouches. Assurément, la saga de la Glace et du Feu prend véritablement toute
son ampleur dans ce deuxième volume, et les péripéties de l'un ou l'autre des
personnages s'enchaînent à un rythme échevelé, semblant aller inexorablement
de mal en pis pour la sympathique Maison Stark.
En parallèle des
conflits royaux, les
disparitions de patrouilles et les créatures hideuses se multiplient au-delà
du Mur, les signes annonciateurs de la fin du grand été s'accumulent, et les
descendants des Dragons s'organisent silencieusement à l'Est de Westeros...
Mention
spéciale pour les deux filles d'Eddard Stark, Sansa et Arya, magnifiquement
exploitées par l'auteur, et qui ne cessent de réserver les plus grandes
surprises, pour le pire comme pour le meilleur.
Extraits :
1- Au loin se percevait
un cliquetis d'épées. Le cri d'un blessé, quelque part, lui glaça les
moelles. Descendre, là-bas, l'escalier sinueux, longer les petites cuisines
et la porcherie, voilà ce qu'il fallait refaire, comme l'autre fois, sur les
traces du matou noir, seulement... Seulement, ce chemin-là menait droit
devant les casernes des manteaux d'or. Impraticable. Elle (Arya) s'efforça
d'en concevoir un autre. En passant par l'autre côté du château, il lui
serait possible de se couler le long des murs surplombant la Néra puis, à
travers le bois sacré..., oui, mais. Mais d'abord, il y avait la cour à
traverser, au nez et à la barbe des sentinelles du rempart.
Et
jamais elle n'y en avait tant vu. Des manteaux d'or, pour la plupart,
équipés de piques. Certains la connaissaient de vue. Comment
réagiraient-ils s'ils la voyaient traverser en courant, minuscule de là-haut
? Seraient-ils capables de l'identifier ? S'en soucieraient-ils ?
Il
fallait partir, et tout de suite, se disait-elle, mais au moment de
s'élancer, la panique la paralysait.
Calme
comme l'eau qui dort, chuchota à son oreille une voix flûtée. De
saisissement, elle manqua laisser choir ses frusques. Elle regarda vivement
tout autour, mais il n'y avait personne d'autre dans l'écurie qu'elle, les
chevaux, les morts.
Silencieux
comme une ombre, entendit-elle. Sa propre voix, ou celle de Syrio ? Elle
n'eût su dire, mais cela calma bizarrement ses transes.
Et
elle sortit.
Le
risque le plus fou qu'elle eût pris de sa vie. Alors qu'elle mourait d'envie
de courir se tapir, elle s'obligea à marcher, à traverser posément
la cour, pas après pas, comme un qui a tout son temps et rien à craindre de
quiconque. Elle eût juré sentir fourmiller, telles des punaises, les yeux
sous ses vêtements, à même sa peau, mais pas une fois ne leva les siens.
Qu'elle vît leurs regards, et son courage l'abandonnerait, elle le savait, et
elle lâcherait son paquet, se mettrait à courir, en larmes, comme un bambin,
et là, ils l'auraient. Aussi ne cessa-t-elle de fixer le sol, et si,
lorsqu'elle atteignit enfin, de l'autre côté, l'ombre du septuaire royal,
elle était en nage et glacée, aucun haro du moins n'avait retenti, ni le
moindre appel.
2-
Elle (Sansa) trouva la tribune absolument déserte et, luttant pour ravaler
ses larmes, s'y tint, debout, seule, avec tous les dehors de la déférence,
aussi longtemps qu'en bas, sur son trône de fer, Joffrey dispensa ce qu'il se
plaisait à baptiser justice. Neuf cas sur dix le barbant manifestement, il
daignait s'en décharger sur son Conseil et ne cessait de gigoter pendant que
lors Baelish, le Grand Mestre Pycelle ou la reine Cersei les résolvaient.
Mais lorsqu'il se mêlait de prendre une décision, personne, pas même sa
mère, ne parvenait à l'en faire démordre.
On
amena un voleur devant lui ? Ser Ilyn dut lui trancher la main, là, toutes
affaires cessantes, en pleine séance. Deux chevaliers vinrent lui soumettre
leur différend quand à un lopin de terre ? Il leur intima d'avoir à se
battre dès le lendemain, non sans spécifier : "Et à mort". A deux
genoux, une femme le supplia de lui rendre la tête d'un homme exécuté comme
traître ; cet homme, elle l'avait aimé, disait-elle, elle désirait le faire
enterrer décemment. "Si tu as aimé un félon, trancha-t-il, tu dois
être toi-même coupable de félonie." Et il la fit traîner en prison
par deux manteaux d'or.
Au
bas bout de la table du Conseil siégeait, bouille de crapaud, cape de brocart
et pourpoint de velours noir, lord Slynt. Chacune des sentences du roi
déchaînait de sa part un branle enthousiaste. Sansa foudroyait du regard son
ignoble gueule. (...) Que ne pouvait-elle l'écharper. Que ne surgissait-il un
héros pour le jeter à terre, lui, le décapiter. Mais une petite voix
intérieure susurra : Il n'y a pas de héros, qui lui évoqua les
paroles prononcées, ici-même, dans cette salle, par lord Petyr : "La
vie n'est pas une chanson, ma douce. Tu risques de l'apprendre un jour à tes
cruels dépens." Les grands vainqueurs, ce sont les monstres, dans la
vie, songea-t-elle, et la voix du Limier, là-dessus, retentit en elle,
râpeuse et froide comme du métal sur la pierre : "Épargne-toi de
souffrir, fillette, donne-lui ce qu'il veut."
"La
Bataille des Rois"
Titre
original : - A Clash of Kings -, 1999
Quatrième
de couverture : (Attention spoiler !) Au
royaume des Sept Couronnes, rien ne va plus. La mort du roi Robert a clos une
longue période d'été, de paix et d'apparente prospérité : le Trésor est au
bord de la banqueroute, et trop nombreux sont les candidats prétendument
légitimes au Trône de Fer : Stannis et Renly Baratheon le disputent à leur
neveu Joffrey, tandis que Robb Stark, proclamé roi du Nord, s'efforce de venger
son père naguère condamné à mort et exécuté sous couleur de trahison. Au
fin fond de l'Orient, l'unique descendante des anciens rois targaryens médite
sa revanche en élevant ses trois dragons... L'hiver vient, qui grouille de
forces obscures, de mages et de morts-vivants, d'intrigants sournois prêts à
tous les maléfices en vue de fins impénétrables.
Grâce
à son pouvoir d'évocation sans égal, George R. R. Martin nous entraîne dans
un fabuleux univers de complots, de vengeances et de combats, de poison et de
magie. Ses personnages ont la force des plus grandes créations romanesques :
une fois le livre refermé, quel lecteur pourra oublier Sansa, la princesse
sentimentale qui se découvre le jouet d'intrigues machiavéliques, Arya, sa sœur
casse-cou qui se déguise en garçon pour échapper à la mort, ou leur frère
Bran, l'étrange infirme à demi loup-garou ?
Mon avis <;-D
La bataille des rois fait le bilan de la situation
pour le moins houleuse, et nous fait pénétrer dans l'intimité de chacune des
parties, les différents rois reconnus comme légitimes ou non, ainsi que les
nouveaux venus, imprévus, qui font ressurgir de vieilles rancunes à un moment
de fragilité clé. Les personnages sont toujours aussi prenants (et ambigus, à
l'instar du très intéressant Tyrion, dit Le Lutin, dont les réelles
motivations restent obscures, malgré le nombre de chapitres qui lui sont
consacrés) les menaces toujours plus sombres, et les créatures fantastiques commencent doucement à se mettre de la partie...
Extraits :
1- Le feu
grégeois moussa sournoisement vers la bouche du pot quand Tyrion inclina
celui-ci pour y jeter un oeil, mais la pauvreté de la lumière interdisait de
distinguer le vert glauque annoncé.
-
Épais, remarqua-t-il.
-
A cause du froid, messire", explique Hallyne. Ses manières obséquieuses
ne démentaient ni ses mains moites ni son teint blafard. De la zibeline
soutachait ses robes à rayures écarlate et noires, mais elle avait l'air et
plus que l'air mangée aux mites et rapetassée. "En s'échauffant, la
substance se fluidifie comme l'huile de lampe." (...)
-L'eau
ne peut l'éteindre, à ce qu'on dit.
-
C'est exact. Une fois enflammée, la substance brûle inexorablement jusqu'à
son propre épuisement. De surcroît, elle imprègne si bien le tissu, le
bois, le cuir et même l'acier que ceux-ci s'embrasent également. (...)
-
Comment se fait-il qu'il n'imprègne pas aussi l'argile ?
-
Oh, mais il le fait ! s'énamoura l'alchimiste. A l'étage au-dessous de
celui-ci, nous avons une cave réservée au stockage des pots anciens. Ceux
qui datent du roi Aerys. Il avait eu la fantaisie de leur faire donner la
forme de fruits. De fruits fort dangereux, à la vérité, seigneur Main, et,
hmhm, plus mûrs à présent que jamais, si vous voyez ce que je veux
dire. Nous avons eu beau les sceller à la cire avant d'inonder leur resserre,
eh bien, malgré cela... Il eût été légitime de les détruire, mais il se
fit un tel carnage de nos sagesses durant le sac de Port-Réal que les
quelques acolytes qui avaient survécu se montrèrent inférieurs à la
tâche."
Tyrion
replaça le pot qu'il tenait toujours en compagnie de ses potes. Ils
couvraient la table et, quatre par quatre, défilaient en bon ordre vers les
ténèbres du souterrain. D'autres tables s'y trouvaient, beaucoup d'autres.
"Et ces..., ah oui, ces fameux fruits du feu roi Aerys, on peut
encore les utiliser ?
-
Oh oui, sans conteste... mais avec prudence, messire, tellement de
prudence, toujours. En prenant de l'âge, la substance devient de plus en
plus, hmhmhm, frivole, disons. La moindre flamme y met le feu. La
moindre étincelle. Trop de chaleur, et les pots s'embrasent de conserve, à
l'unanimité. Il est malavisé de les exposer au soleil, fût-ce brièvement.
Une fois que le feu s'y met, la substance se dilate avec tant de violence que
les pots ne tardent guère à exploser. Et si, d'aventure, on en a déposé
d'autres à proximité, ceux-ci sautent à leur tour, de sorte...
-
Vous en avez combien, pour l'heure ?
-
Sept mille huit cent quarante, m'a dit ce matin même sagesse Munciter. Y
inclus, bien entendu, les quatre mille qui datent du roi Aerys.
2- Si vous ne
croyez pas dans les dieux...
-
...pourquoi m'embarrasser de ce nouveau-là ? coupa Stannis. Je me le suis
demandé aussi. Je sais peu de choses des dieux et ne me soucie guère d'eux,
mais la prêtresse rouge a des pouvoirs."
Oui,
mais des pouvoirs de quelle sorte ? "Cressen avait la sagesse.
-
J'ai cru en sa sagesse et en ton astuce, et de quel profit m'ont-elles été,
contrebandier ? Les seigneurs de l'orage t'ont envoyé paître. Je me suis
adressé à eux en mendiant, et ils m'ont ri au nez. Eh bien, je ne mendierai
plus, et l'on ne me rira plus au nez non plus. Le Trône de Fer m'appartient
de droit, mais comment faire pour m'en emparer ? Il y a quatre rois dans le
royaume, et les trois autres possèdent plus d'hommes et plus d'or que moi.
J'ai des bateaux..., et je l'ai, elle. La femme rouge. La moitié de
mes chevaliers tremblent même à l'idée de prononcer son nom, sais-tu ? Ne
fût-elle capable que de cela, une sorcière qui inspire tant de terreur à
des hommes faits ne saurait être dédaignée. Un homme effrayé est un homme
battu. Et peut-être peut-elle faire davantage. J'entends en tenter
l'épreuve.
"Quand
j'étais gosse, je ramassai un vautour blessé et je le soignai jusqu'à ce
qu'il se remette. Fière-aile, je l'appelais. Il aimait à se percher
sur mon épaule et à voleter à ma suite de pièce en pièce, à manger dans
ma main, mais il refusait de prendre son essor. Cent fois je l'emmenai
chasser, jamais il ne dépassa la cime des arbres. Robert le surnomma Bat-de-l'aile.
Lui possédait un gerfaut, nommé Foudre, qui ne ratait jamais sa
cible. Un jour, mon grand-oncle, ser Harbert, me conseilla de tâter d'un
autre oiseau ; je me rendais ridicule, dit-il, avec mon fière-aile, et il
avait raison." Stannis se détourna de la croisée et des fantômes en
suspens sur les flots. "Les Sept ne m'ont jamais rapporté ne fût-ce
qu'un moineau. Il est temps que je tâte d'un autre faucon, Davos. D'un faucon
rouge."
"L'Ombre
Maléfique"
Titre
original : - A Clash of Kings -, 1999
Quatrième
de couverture : (Attention spoiler !)
Haï de tous et
constamment en butte aux intrigues de sa propre sœur, la reine régente Cersei,
Tyrion le Lutin se démène de son mieux pour préserver Port-Réal et rallier
à la cause de sa maison de grands seigneurs rétifs. Le nouveau roi du Nord,
Robb Stark, menace les domaines Lannister et expédie sa mère auprès de Renly
Baratheon, rival direct de son propre frère, Stannis. Obtiendra-t-elle l'union
sacrée contre l'adversaire commun ? Que pèse la bonne volonté des hommes face
aux rivalités des Dieux ou des puissances occultes qui se déchaînent en leur
nom ? Comment Winterfell lui-même ne serait-il pas submergé sous les vagues
d'adeptes du dieu Noyé ? Que peut la Garde de Nuit face aux sauvageons,
complices insidieux des Autres ? A l'évidence, l'hivers vient pour le royaume
des Sept Couronnes.
Maléfices,
émeutes, guerre, confusion, haine, meurtres et démence, voilà ce que
présageait, semble-t-il, sous ses noms divers, la comète rouge : l'imminence
d'un chaos sanglant. Fétu que l'individu - qu'il s'appelle Arya, Sansa, Bran,
Tommen, Myrcella... - dans cette furia de mort. Fétu que l'enfance, et
pourtant, quelle vitalité !
Mon avis <;-D
La valse des
trônes continue, les couronnes passent de main en main, le petit peuple en
proie à la famine menace de se soulever à tout moment depuis que même les
pigeons et les rats viennent à manquer dans les ruelles sordides de Port-Réal,
en proie à la pénurie.
La
cruauté, omniprésente dans le roman, connaît une période faste, les
injustices et les drames sont légions, les forces maléfiques éveillées se
mettent volontiers à leur tâche de destruction et de chaos. L'ombre
Maléfique est un tome particulièrement sombre de cette saga, les
protagonistes sont désorientés, aveuglés par ce tourbillon d'évènements qui
se déchaînent sous leurs yeux sans qu'ils puissent l'arrêter. Même les
personnages comme Tyrion ou Cersei Lannister sont pris au dépourvu, eux qui
sont pourtant passés maîtres dans l'art des complots les plus abjects.
Le
bon-sens a déserté les lieux, et même s'il en reste quelques lambeaux chez
Lady Catelyn Stark et sa fille disparue Arya, que peuvent des individus isolés face
à la folie qui s'apprête à déferler de toutes parts ?
Tandis
qu'au-delà du Mur, Jon Snow assiste amèrement avec les patrouilleurs à
l'avènement de l'hiver, et les Autres de tisser patiemment leur plan
d'invasion, dans la plus parfaite indifférence des seigneurs des Sept
Couronnes...
Plus
l'intrigue avance, plus on devient accro, ne serait-ce que pour connaître le
devenir de Westeros et des multiples personnages qui le composent. Un véritable
régal !
Extraits :
1- La main
de Renly se faufila sous son manteau. Stannis s'en aperçut et, sur-le-champ,
porta la sienne à son épée, mais il n'eut pas le temps de dégainer que son
frère exhibait... une pêche. "En voudrais-tu une, frère ? demanda-t-il
en souriant. De Haut jardin. Jamais tu n'as goûté rien de si fondant, sur ma
foi." Il y planta ses dents, le jus lui en dégoulina au coin de la
bouche.
"Je
ne suis pas venu manger des fruits." Il écumait.
"Messires
! s'interposa Catelyn. Au lieu d'échanger des sarcasmes, nous devrions
être en train de peaufiner les termes d'une alliance.
-
On ne devrait jamais refuser de goûter une pêche, reprit Renly en jetant le
noyau. L'occasion peut ne jamais se représenter. La vie est courte, Stannis.
Souviens-toi du mot des Stark : "L'hiver vient"..." Il s'essuya
les lèvres d'un revers de main.
"Je
ne suis pas venu non plus me laisser menacer.
-
Ni l'être ! aboya Renly. Quand je proférerai des menaces, tu le sauras. Pour
parler net, Stannis, je ne t'ai jamais aimé, mais comme tu n'en es pas moins
mon sang, je n'ai aucune envie de te tuer. Ainsi, si c'est Accalmie que tu
veux, prends-le..., mais comme un cadeau fraternel. De même que Robert me le
donna jadis, de même te le donné-je.
-
Tu ne peux donner ce qui n'est pas tien. Accalmie m'appartient de droit. (...)
Au nom de la mère qui nous porta tous deux, Renly, je t'accorde cette nuit
encore pour revenir de ta folie. Amène tes bannières et viens me trouver
d'ici l'aube, je t'accorderai Accalmie, te rendrai ton siège au Conseil et te
désignerai même pour mon héritier jusqu'à ce qu'un fils me soit né.
Sinon, je t'anéantirai."
Renly
éclata de rire. "Tu as une épée ravissante, Stannis, je te le
concède, mais ses chatoiements t'aveuglent, m'est avis. Regarde un peu par
là, frère. Les vois-tu, toutes ces bannières ? (...) A mes côtés
chevauche toute la chevalerie du Sud, et ce n'est là que ma moindre force.
Mon infanterie suit, cent mille épées, piques et lances. Et tu prétend m'anéantir
? Avec quoi, je te prie ? Le minable clapier que j'entrevois tapi sous les
murs du château, là ? (...) Tu peux bien te prendre pour un guerrier
chevronné, Stannis, je m'en moque, à la première charge de mon avant-garde,
il aura vécu, ton semblant d'armée.
-
Nous verrons, frère." Comme il remettait l'épée au fourreau, le monde
parut s'assombrir un brin. "Vienne l'aube, nous verrons."
2- L'agresseur,
Tyrion ne le vit même pas. Il entendit seulement Sansa hoqueter, Joffrey
lâcher un juron, puis, celui-ci ayant tourné la tête, il le vit s'essuyer
le visage. Une bouse y dégoulinait, qui avait surtout encroûté sa chevelure
blonde et éclaboussé les jambes de Sansa.
"Qui
a fait ça ?" glapit Joffrey. Il se passa les doigts dans les cheveux
d'un air furibond, secoua une autre poignée de merde. "Je veux le
coupable ! hurla-t-il. Cent dragons d'or pour qui le dénoncera !
-
Là-haut !" cria quelqu'un dans l'assistance. Le roi fit tourner son
cheval sur place, la tête levée vers les toits et les balcons qui le
surplombaient. Des gestes délateurs hérissaient la foule qui se bousculait,
s'injuriait, injuriait Joffrey.
"De
grâce, Sire, oubliez-le..." supplia Sansa.
il
n'en tint aucun compte. "Qu'on me l'amène ! commanda-t-il, il léchera
cette saloperie, ou j'aurais sa tête. Ramène-le-moi, Chien !"
Docilement,
Sandor Clegane sauta de selle, mais le mur humain lui bloquait le passage, à
plus forte raison vers les toits. Les gens des premiers rangs eurent beau se
tortiller et se démener pour s'écarter, ceux de derrière poussaient pour
voir. Tyrion sentit venir une catastrophe. "Abandonnez, Clegane, le type
ne vous aura pas attendu.
-
Je le veux ! glapit Joffrey, le doigt brandi vers le ciel. Il était
là-haut ! Taille donc au travers et ramène..."
La
fin de la phrase se perdit dans un ouragan tonitruant de haine, de rage et de
peur qui, subitement, se déchaîna tout autour, tels criant : "Bâtard
!" à Joffrey, "sale bâtard !" d'autres invectivant
la reine : "Putain ! Enfoirée de ton frère !", d'autres
régalant Tyrion des quolibets d'"Avorton !' et de "Nabot
!", toutes aménités pimentées, ça et là, perçut-il, de
vociférations telles que "Justice !", "Robb ! le roi
Robb ! le Jeune Loup !", "Stannis !" et même "Renly
!". De part et d'autre de la rue, la foule refoulait les manteaux
d'or qui, vaille que vaille, croisaient les hampes de leurs piques en
s'arc-boutant pour la contenir. Des pierres et des détritus mêlés
d'immondices plus fétides encore se mirent à voler. "A manger !"
hurla une femme. "Du pain !" tonna derrière elle un homme. "Du
pain qu'on veut, bâtard !" En une seconde mille voix reprirent
l'ancienne, et il n'exista plus dès lors de roi Joffrey, de roi Robb ni de
roi Stannis, le trône échut au seul roi Pain. "Du pain ! clamait
la populace comme un seul homme, du pain ! du pain !"
"L'invincible
forteresse"
Titre
original : - A clash of Kings -,
1999
Quatrième
de couverture :
Bien que faits et signes ne cessent de
confirmer la devise de Winterfell, "l'hiver vient", le royaume des
Sept Couronnes affecte toujours d'ignorer la fin de l'été pour se consacrer
plus commodément à ses querelles, vindictes, ambitions. Pendant que Rob Stark
poursuit ses campagnes sanglantes dans l'ouest, que Port-Réal vit dans la
hantise du siège imminent, que la guerre se répand jusqu'à Winterfell grâce
aux menées des Greyjoy, eux-mêmes divisés, s'amoncellent au-delà du Mur des
forces obscures et malfaisantes.
Mais,
contrairement aux apparences, Bran, le jeune fils du défunt maître de
Winterfell, n'est pas mort, pas plus que n'est anéantie l'indomptable
forteresse, prête à renaître de ses cendres...
Mon avis <;-D
Que dire de plus que pour les volumes
précédents ? La saga continue, toujours aussi sombre, épique, sanglante,
magique, cruelle et pessimiste...
On peut souligner
l'habileté et le plaisir que prend G.R.R. Martin à décrire et mener de
front les destins divergents de ses personnages-clefs.
Tyrion dit le
Lutin possède une fois de plus une place de choix dans le cœur de son auteur,
puisque c'est par ses yeux que l'on va vivre les moments les plus grandioses du
roman : la formidable bataille navale qui se déroule aux portes de Port-Réal
sous le joug de la Maison Lannister est un épisode inoubliable. Peu d'auteurs
se risquent à décrire un bataille navale, le plus souvent les armées
d'affrontent à terre, ou bien il s'agit de quelques navires jouant un rôle
annexe dans la trame de l'histoire. Mais là, c'est tout simplement grandiose.
La stratégie et la tactique sont au rendez-vous, la réalité des combats est
d'une précision morbide et les personnages pris dans la tourmente en sont
d'autant plus humains. Le feu grégeois patiemment rassemblé par sbires de
Tyrion depuis des mois à Port-Réal ajoute une ambiance surréaliste aux
combats, nuages verts sur flammes rouges, navires enflammés de jaune et hommes
suffocants... Un véritable tableau.
Ce cinquième
épisode constitue un rude coup pour la Maison Winterfell. Je tairais ici les
péripéties des deux plus jeunes frères Stark pour préserver les lecteurs qui
n'en sont pas encore arrivés jusque-là (mais qu'attendez-vous ? ;-)
De leur côté les jeunes sœurs Stark,
Sansa et Arya, tentent de survivre de façons fort différentes, mais elles
n'ont pas vraiment le choix, puisque toujours prisonnières de leurs masques
respectifs échafaudés à grand peine.
En bref, l'invincible Forteresse
est un épisode très réussi, il n'y a absolument aucune baisse de régime et
la Saga de la Glace et du Feu est toujours aussi passionnante.
Extraits :
1- A terre, les bras énormes des
trébuchets se dressèrent, un, deux, trois, et des centaines de pierres
montèrent à l'assaut du ciel jaune. Chacune étant aussi grosse qu'un crâne
d'homme, leur chute souleva des geysers, creva les planchers de chêne et
réduisit tel être vif en une charpie cartilagineuse de chair et d'os. Sur
toute la longueur de la rivière, la première ligne donnait. Des grappins
volaient s'agripper, des béliers de fer éventraient des coques, des essaims
montaient à l'abordage, des volées de flèches entrecroisaient leurs
chuchotements dans des tourbillons de fumées, et des hommes périssaient...
2- Il en était là de ses réflexions
quand survint, hors d'haleine, une estafette. "Vite, messire !"
L'homme mit u genou en terre. "Ils ont débarqué des hommes, des
centaines ! du côté des lices, et ils sont en train d'amener un bélier
devant la porte du Roi !"
Tout en sacrant,
Tyrion se mit à dévaler les marches. (...) Le fracas retentissant, bois sur
bois, qui l'accueillit aux abords de la porte du Roi lui apprit que le bélier
était déjà entré en jeu. Les protestations lugubres des gonds sous les
heurts successifs évoquaient les plaintes d'un géant mourrant. La place de
la conciergerie était jonchée de blessés, mais on y voyait aussi, parmi les
rangées d'éclopés, un certain nombre de chevaux valides, et suffisamment de
reîtres et de manteaux d'or pour constituer une colonne vigoureuse. "En
formation ! vociféra-t-il en sautant à terre, comme un nouvel impact
ébranlait la porte. Qui commande ici ? Vous allez faire une sortie.
-
"Non." Une ombre se détacha de l'ombre du mur et se matérialisa
sous les espèces d'une grande armure gris sombre. A deux mains, Clegane
arracha son heaume et le laissa choir dans la poussière. L'acier était
cabossé, défoncé, roussi, cisaillée l'une des oreilles du cimier au limier
grondant. Entamé au-dessus d'un oeil, le mufle calciné de Sandor était à
demi masqué par un rideau sanglant.
-
"Si." Tyrion lui fit face.
Clegane riposta,
haletant : "M'en fous. Et de toi."
Un reître vint
se placer à ses côtés. "'n est déjà. Trois fois. 'n a perdu la
moitié de nos hommes, tués ou blessés. 'vec du grégeois qu'explosait tout
autour, et que les chevaux beuglaient comme des hommes et les hommes comme des
chevaux...
- Tu te figurais
quoi ? Qu'on te soldait pour un tournoi ? Que je vais t'offrir une jatte de
framboises et une coupe de lait glacé ? Non ? Alors, enfourche-moi ton putain
de bourrin. Toi aussi, Chien."
Toute rutilante
de sang qu'était la gueule de Clegane, il avait l'œil blanc. Il dégaina sa
longue épée.
La trouille,
compris tout à coup Tyrion, suffoqué. Le Limier a la trouille ! Il
tenta d'expliquer l'urgence. "Ils ont amené un bélier, vous l'entendez,
non ? Faut à tout prix les disperser...
- Ouvrez-leur
les battants. Lorsqu'ils y feront irruption, cernez-les et
massacrez-les." Le Limier planta son épée en terre et, appuyé sur le
pommeau, se mit à tanguer. "J'ai perdu la moitié de mes gens. Mes
chevaux, pareil. Je vais pas en jeter davantage dans ce brasier." (...)
Livides étaient ceux de ses traits que n'empoissaient pas l'hémorragie.
Un cadavre
debout. Tyrion le voyait, à présent. Sa blessure, le feu..., bon pour
le rancart. Lui trouver un remplaçant, mais qui ? Un regard alentour lui
apprit que ça n'irait pas. La peur de Clegane avait secoué tous les hommes.
A moins d'un chef qui les entraîne, il refuseraient d'une seule voix.
(...)
Nouveau fracas,
là-bas, plus alarmant que jamais. Au-dessus du rempart s'obscurcissait le
ciel, drapé de flamboiements orange et verts. Combien de temps encore
tiendrait la porte ? C'est de la folie, se dit-il, de la folie pure,
mais plutôt la folie que la défaite. La défaite, c'est la mort, la mort et
l'opprobre. "Fort bien. C'est moi qui conduirait la sortie."
S'il s'était
attendu que la honte requinquerait Clegane, il en fut pour ses frais. Le Limer
se contenta de ricaner : " Toi ? "
L'incrédulité
se lisait sur tous les visages. "Moi. Ser Mandon, vous porterez
l'étendard du roi. Mon heaume, Pod." Le gamin s'empressa d'obéir.
Toujours appuyé sur sa lame ébréchée que maculaient des ruisseaux de sang,
le Limier s'inclina sur Tyrion, prunelles blanches écarquillées. Celui-ci se
remit en selle avec l'aide de Ser Mandon. "En formation !"
hurla-t-il. (...)
Seule une
poignée d'hommes, vingt tout au plus, avaient répondu à l'appel et
enfourché leurs montures. Mais ils avaient l'œil aussi blanc que le Limier.
Son regard s'attarda, méprisant, sur les autres, tant chevaliers que
reîtres, qui avaient auparavant chevauché aux côtés du Limier. "Je ne
suis qu'un demi-homme, à ce qu'il paraît, lâcha-t-il. Vous êtes quoi, dans
ce cas, vous tous ?"
La réflexion ne
manqua pas de les mortifier sévèrement. un chevalier se mit en selle et,
sans casque, alla se joindre aux précédents. Deux reîtres suivirent. Puis
un plus grand nombre. La porte du Roi s'ébranla de nouveau. En un rien de
temps, Tyrion commandait deux fois plus de gens. il les avait piégés. Si
je me bats, ils doivent agir de même ou passer pour des moins que nains.
"Vous ne
m'entendrez pas pas crier le nom de Joffrey, prévint-il. Vous ne m'entendrez
pas non plus crier celui de Castral Roc. C'est votre ville que Stannis entend
saccager, c'est votre porte qu'il est en train de défoncer. Venez donc avec
moi tuer ce fils de chienne !" Il dégaina sa hache et, faisant volter
l'étalon, partit au trot vers la sortie. Mais il préféra, tout en se supposant
suivi, ne pas s'en assurer pas un seul coup d'œil en arrière.
Liens
concernant George R. R. Martin et son oeuvre :
- http://www.georgerrmartin.com/
Le site officiel de l'auteur - en anglais -
- http://www.westeros.org
Une description détaillée des différentes maisons avec leur
hiérarchie et bien d'autres choses encore -
en anglais -
- http://www.januarymagazine.com/profiles/grrmartin.html
Une longue interview avec bibliographie -
en anglais -
- http://www.ifrance.com/palpatine/fantasy/index.php?fiche=mpresentation
Un site qui possède une grande partie consacrée à la
Saga du Trône de fer -
en français -
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