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- Le Peuple du Tapis
- La
face obscure du soleil
Les Annales du Disque-Monde :
- Mortimer -
Sourcellerie
- Pyramides
- Au
Guet !
- Le
Faucheur
Si
vous mourrez d'envie de discuter de Terry Pratchett et de son oeuvre avec
d'autres fans, rendez-vous donc sur ce salon, vous y serez bien accueilli :)
La Guilde correspondante se trouve ici :
http://rapporteurs.free.Fr
"Le
Peuple du Tapis"
Quatrième
de couverture :
Sur tout le Tapis
règne la paix de l'empire Dumii. Aux marges de la civilisation, la tribu des
Munrungues coule sous les poils une existence paisible.
Mais,
un jour, un terrible cataclysme frappe à proximité du village m
Un
voyage qui les conduira à la découverte des merveilles de leur monde, et qui
changera pour toujours l'existence de tous les Fils de la poussière.
Avant
l'hilarante trilogie des Gnomes, Terry Pratchett explorait déjà, à sa
savoureuse façon, l'infiniment petit en peuplant un simple tapis d'une
profusion de monstres terribles et de personnages cocasses. A lire absolument
(à la loupe) !
Mon avis
:-)
Partant d'une bonne idée, on a du mal
à trouver autant d'humour dans les aventures des peuples du tapis que dans la
série des Annales du Disque-Monde. Peut-être question d'habitude ;) mais cela
s'explique peut-être aussi par le fait qu'il s'agit de l'un des premiers livres
de Terry Pratchett. Un bon point : il est court, et donc vous ne risquez pas
grand chose à l'essayer ;-)
Extraits :
1- Voilà Bouffu, dit-il en présentant à Snibril un énorme gaillard rougeaud,
manchot, avec une cicatrice en travers du nez et un bandeau sur l'œil. Il
était dans l'armée avec moi.
-
Et il était sergent lui aussi ?
-
Exact, répondit Bouffu avec un sourire.
Même
sa cicatrice semblait sourire. Quand il contourna la table, Snibril constata
qu'il avait une jambe de bois.
-
J'ai vu le feu au cours de dizaines de campagnes, expliqua Bouffu en suivant
son regard. Et puis un jours, Caréus, ici présent, m'a ramassé et m'a
transporté à l'arrière des lignes, pour me mettre en sécurité et m'a dit
: Bouffu, mon p'tit gars, t'aurais intérêt à prendre ta retraite tant
qu'il reste encore de toi une quantité suffisante pour être renvoyée dans
ses foyers. Content de se revoir, mon vieux.
2- Soit dit en
passant, la cité d'Usure fait à peu près cette taille -->.
"La
face obscure du soleil"
Titre
original : - The Dark Side of Sun -, 1976
Quatrième
de couverture :
L'affaire se passe
sur la planète Widdershins. Dom Sabalos est l'héritier de toute une planète,
de la Première Banque de Sirius et de la fortune colossale qui va avec. Il doit
aussi devenir le Président du Conseil planétaire. L'ennui, c'est que quelqu'un
cherche à le tuer. C'est bien dommage, parce qu'il s'intéresse à des tas de
choses dans la vie, Dom. Il aime dompter les siroccoques qui feulent au
crépuscule dans le lagon. Et puis il aimerait élucider l'énigme des Jokers
qui ont semé des artefacts étranges dans tout l'univers. Comme la Tour qui se
dresse dans la mer et se perd dans la couverture nuageuse de Widdershins. Ou ces
gigantesques Chaînes d'Étoiles...
Quelqu'un
n'a pas envie qu'il découvre le Monde des Jokers. Mais qui ? Un adepte du
Calcul des Probabilités, sans doute. Ce même Calcul des Probabilités qui
l'annonce avec une probabilité de plusieurs millions contre une : Dom mourra
assassiné le jour de son premier mi-anniversaire, c'est-à-dire demain.
Dommage, dommage...
Mon
avis :-)
C'est là que l'on
voit que Terry Pratchett a bien fait de poursuivre sa série des Annales
du Disque-Monde plutôt que d'écrire de la SF, même humoristique. Pourtant la
face obscure du soleil possède un titre prometteur digne de l'humour
façon Pratchett. Mais les péripéties de Dom sur ces planètes étranges ne
semblent être qu'un prétexte pour glisser de temps à autre dans des
situations cocasses et de rajouter de petits détails gratuits qui s'enchaînent
sans rien apporter à l'ensemble.
A
l'inverse, le début où Dom se trouve sur Reverseau, sa planète natale, et la
chute inattendue (mais prévisible suivant les probabilités !) sont assez
réussies. Les planètes-personnages Châteaugaster et la Première Banque de
Sirius sont une très bonne idée et la discussion sous-marine de Dom avec
l'océan Châteaugaster vaut le détour. De plus, le robot de classe V nommé
Isaac et possédant un humour douteux, fait sans aucun doute référence à Isaac
Asimov, l'auteur des fameuses lois de la robotique dans sa célèbre série
des Robots.
Donc
si vous voulez faire une pause dans les Annales du Disque-Monde, la face
obscure du soleil est un roman suffisamment court pour que vous y fassiez un
détour.
Extraits :
1- Elle
s'approcha, sur la pointe des pieds, de la porte et revint avec un serviteur
robot qui portait une petite boîte.
-
C'est un Classe Cinq. L'un de nos meilleurs, dit-elle fièrement.
Dom,
qui regardait la boîte d'un air plein d'espoir, releva les yeux.
-
Un robot ?
-
A proprement parler, il est humanoïde. Complètement vivant, surtout
mécanique. Il te plaît ?
-
Beaucoup ! fit-il en s'approchant de la carcasse métallique.
Il
tapota la large poitrine. Le robot abaissa les yeux sur lui.
-
Je me demande ce qui nous fait construire des robots humains d'une forme
inefficace au lieu de jolies machines élégamment carénées ?
-
La fierté, monsieur, répondit le robot.
-
Hé, ce n'est pas bête. Comment t'appelles-tu ?
-
Isaac, monsieur. Enfin, je crois. (...)
- Euh, tu pourrais
être un peu moins solennel, Isaac ?
- Pas de problème,
patron.
2- Les robots
Trois et Huit approchaient tant bien que mal du vaisseau d'où émanaient des
bribes de Tu me prends pour une gougnafe ? , une ballade de
Reverseau jouée à l'orgue à pouce d'une main malhabile. Le sas était
ouvert. Trois entra.
Isaac
le regarda d'un air affable.
-
Je perçois que l'humain n'est pas là, nota Trois.
-
C'est exact, confirma Isaac.
Trois
le regarda avec méfiance. Finalement, il entonna :
-
Je suis un robot de Classe Trois. Je vous demande de rester ici pendant que je
vais chercher des instructions.
-
Ouais, alors que moi, je suis un Classe Cinq, avec un sous-circuit
spécialisé de bon à tout faire, répondit plaisamment Isaac.
L'œil
gauche de Trois fut attiré par un mouvement. Isaac avait ramassé une clé à
molette.
-
Je perçois la survenue imminente d'une séquence chronologique d'évènements
menant à des voies de fait, ânonna Trois en reculant d'un pas. J'exprime une
préférence pour une séquence chronologique d'évènements sans voies de
fait.
Huit
passa la tête par la porte et déclara :
-
Moi aussi, j'exprime une préférence pour une séquence chronologique d'évènements
sans voies de fait.
Isaac
soupesa pensivement la clé à molette. (...)
-
Bien que vous soyez plus intelligent que moi, je vais résister, le prévint
Trois en se tortillant, mal à l'aise.
-
Les voies de fait commenceront à trois, annonça Isaac. Un. Deux.
La
clé à molette heurta bruyamment l'interrupteur de Trois.
-
Trois, fit Isaac, puis il se tourna vers Huit qui regardait d'un air perplexe
son camarade tombé à terre.
-
Je perçois une séquence illogique d'évènements menant à des voies de
fait, dit-il.
Isaac
lui tapa dessus.
"Mortimer"
Titre
original : - Mort -, 1987
Quatrième
de couverture :
Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant
comme une truie qu'on égorge. Et non. Même les oiseaux n'y croient pas.
"Il a du cœur", fait son
père adossé contre un muret.
"Dame, c'est le
reste qui lui manque", répond l'oncle Hamesh.
Mais à la foire à l'embauche, la Mort le remarque et l'emporte
sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle a décidé de faire sa vie
; avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui
laisserai des loisirs.
Un grand destin attend donc Mortimer.
Mais... est-ce bien raisonnable ?
Un scénario qui décoiffe, une
distribution prestigieuse et... peut-être... une apparition exceptionnelle de
l'illustre Rincevent.
Résumé :
La Mort (qui comme chacun sait
est de sexe masculin) rit jaune. Il songe à prendre un associé,
histoire de se payer quelques vacances, mais les offres se font rare à
la foire à l'embauche. C'est pourquoi lorsque Mortimer, un grand
gaillard dégingandé qui n'a que la peau sur les os est refusé comme
apprenti par toutes les professions honorables (charpentier, maçon,
mendiant, voleur...), la Mort accepte de le prendre sous son aile (ou ce
qu'il en reste) et lui inculque les rudiments du métier : le passage à
travers les murs, le timing précis des tournées, les aléas des champs
morphogénétiques...
Mais il faut une sacrée expérience du métier
pour assurer le service
quand la Mort va se payer du bon temps sur le plancher des vaches, et les dérapages
susceptibles de modifier dramatiquement l'existence même du
Disque-Monde ne
sont pas loin...
Mon avis
<;-D
Probablement un des meilleurs épisodes
des Annales du Disque-Monde, où l'on découvre la face cachée de la Mort ainsi
que le mobilier très particulier de sa charmante demeure. Un véritable régal pour les amateurs.
Extraits :
1 - Même une fois qu'il s'y serait
habitué, Morty retiendrait toujours son souffle en regardant Albert marcher.
(...) Sa démarche mettait en oeuvre ne succession compliquée de mouvements.
Il se penchait en avant, imprimait à son bras gauche un balancement, d'abord
lent, qui se transformait bientôt en gesticulations désordonnées dont les
convulsions, au moment où l'observateur s'attendait à voir le membre se
séparer du coude et s'envoler, finissaient par se propager brusquement sur
toute la longueur du corps jusqu'aux jambes et propulsaient l'homme comme un
coureur sur échasses. La poêle à frire décrivit une série d'arabesques en
l'air avant de s'arrêter juste à la verticale de l'assiette de Morty.
2 - "Voilà, fit-il d'un ton
hésitant, ça, c'est des cartes de Carot. L'essence de la sagesse des Anciens
et tout et tout. Sinon, j'ai le Ching Dreling des Axlandais. Ca fait fureur
dans le grand monde. Je ne fait pas les feuilles de thé.
- Je vais essayer le Ching machin.
- Alors, jetez ces tiges de
millefeuille en l'air."
Elle obéit. Ils étudièrent le motif
obtenu.
"Hmm, fit Coupefin au bout d'un
moment. Bon, y en a une dans la cheminée, une dans la tasse de cacao, une
dans la rue, tant pis pour la fenêtre, une sur la table et une, non deux
derrière le buffet. Je pense que madame Nogent trouvera le reste."
3 - La Mort la regardait fixement. Il
n'avait encore jamais eu affaire à des clients mécontents. Il était
désorienté. Il n'y tint plus.
"HORS D' ICI GROSSE FURIE NOIRE DE
LA NUIT", dit-il.
Les petits yeux de la cuisinière
s'étrécirent.
"Qui donc que vous traitez
d'urinoir de la nuit ? " lança-t-elle d'un ton accusateur, et elle se
remit à donner des coups de son poisson sur le comptoir. "R'gardez-moi
ça, dit-elle. Hier soir, c'était mon chauffe-lit, ce matin un poisson. J'vous
demande un peu.
- PUISSENT TOUS LES DÉMONS DE L'ENFER
TE DÉCHIRER L'ESPRIT A VIF SI TU NE SORT PAS TOUT DE SUITE DE CE MAGASIN, tenta
la Mort.
- J'suis pas au courant pour ça,
mais... et mon chauffe-lit ? C'est pas un endroit pour une femme respectable,
là-bas, ils ont essayé de...
- SI VOUS VOULEZ BIEN PARTIR, fit désespérément
la Mort, JE VOUS DONNERAI DE L'ARGENT.
- Combien ? " répliqua la
cuisinière avec une vitesse de réaction qui aurait laissé sur place la
détente d'un serpent à sonnette et sapé le moral de la foudre.
La Mort sortit sa bourse et déversa un
tas de pièces noircies et vert-de-grisées sur le comptoir. Elle les considéra
avec une grande méfiance.
"MAINTENANT PARTEZ A L'INSTANT,
fit la Mort qui ajouta : AVANT QUE LES VENTS DÉVORANTS DE L'INFINI NE
GRILLENT TA VILE CARCASSE.
-Ca s'ra répété à mon mari",
jeta d'un ton sinistre la cuisinière en sortant du magasin. La Mort eut
l'impression qu'aucune de ses menaces à lui ne pouvait être aussi
terrible.
"Sourcellerie"
Titre
original : - Sourcery -, 1988
Quatrième
de couverture :
La
magie, c'est de la bouillie pour les chats. Car voici la sourcellerie, la
puissance thaumaturgique de l'Aube des Temps ! Elle pénètre le Disque-Monde
par l'entremise du huitième fils d'un huitième fils d'un mage (défroqué,
oui).
Disons-le tout net :
casse-cou.
Une fois de plus,
faudra-t-il compter sur l'ineffable Rincevent pour sauver les meubles ? Il est
vrai que l'homme a plus d'un tour dans son sac percé. Il dispose aussi d'une
équipe de choc, où vous retrouverez le mystérieux et pusillanime Bagage
-tellement humain !- et le subtil bibliothécaire de l'université des mages
-tellement simiesque ! Avec, pour la première fois dans un livre, Nijel le
Destructeur, jeune héros par correspondance, et Conina, la fille du plus
célèbre Barbare, par qui tombent les cœurs et les coups. Prime exotique : un
séjour inoubliable dans la cité d'Al Khali, sous la houlette de Sériph
Créosote.
Résumé :
La guerre thaumaturgique entre
la Magie et la Sourcellerie est déclarée ! Autrefois reine du
Disque-Monde, celle-ci a disparu au profit de la Magie, plus tranquille
et surtout moins dangereuse pour tout le monde. Les Sourceliers se sont
entre-tués et le dernier d'entre eux est parti dans un monde crée par
lui. Mais voilà qu'un nouveau sourcelier âgé de 10 ans viens
d'apparaître d'on ne sait où et cherche,
muni d'un bourdon étrange, à rétablir la sourcellerie. Rincevent, le
Bagage ainsi que le plus simiesque des bibliothécaires de l'Université
Invisible vont devoir chercher de l'aide dans les contrées les plus
exotiques pour devancer la plus grande menace qu'ait jamais connu le
Disque : le retour des guerres entre mages.
Mon avis :-))
Encore un nouvel épisode des
Annales du
Disque-Monde, toujours aussi hilarantes. A noter la description de la
bibliothèque de l'Université Invisible et de ses livre magiques apeurés,
vraiment à
mourir de rire !
Extraits :
1- Rincevent regarda à la ronde et vit
d'autres torrents de corps gris quitter l'Université par toutes les
gouttières et s'écouler vers le mur extérieur. Le lierre près de son
oreille bruissa et une bande de rats effectua une série de sauts de la mort
jusque sur son épaule avant de se laisser glisser à bas de sa robe. Ceci
dit, ils l'ignorèrent complètement mais, une fois encore, c'était chose
parfaitement courante. La plupart des êtres vivants ignoraient
Rincevent.
2- Examinez Rincevent, tandis qu'il
scrute autour de lui les rayonnages menaçants. Il existe huit niveaux de
magie sur le Disque ; au bout de seize ans, Rincevent n'a même pas franchi le
premier. Certains de ses tuteurs en sont venus à le croire incapable même de
dépasser le niveau zéro, auquel naissent la plupart des gens normaux ; en
d'autres termes, on a avancé l'idée qu'à la mort de Rincevent l'aptitude
moyenne de la race humaine dans les sciences occultes s'élèverait d'un
cran.
"Pyramides"
Titre
original : - Pyramids -, 1989
Quatrième
de couverture :
Teppicymon XCXVII est mort et il a un peu de mal à se faire à
cette idée. Même s'il respecte le professionnalisme des embaumeurs, voir ces
sympathiques artisans plongés jusqu'aux coudes dans vos entrailles a quelque
chose qui vous remue les tripes.
Son fils va lui succéder et lui aussi a quelque difficulté à
s'adapter à la nouvelle situation. Pas facile d'hériter du trône quand on est
encore un ado et qu'on vient d'achever ses études à la Guilde des Assassins...
Vous voilà soudain responsable du lever du soleil comme de
l'abondance des récoltes. Et les ennuis vous guettent : vaches grasses, vaches
maigres, sphynx, prêtres fanatiques, crocodiles sacrés et momies vagabondes.
Sans compter que la Grande Pyramide a précipité le royaume
dans une faille spatio-temporelle.
Résumé :
C'est par une nuit
d'été inhabituellement aride et étouffante à Ankh-Morpork, plutôt
porté d'ordinaire vers la brume et le crachin, que se déroule l'examen
final de la Guilde des Assassins. Il paraît qu'on a une chance sur deux
de s'en sortir sans semer trop de morceaux en chemin. C'est ce que
Teppic, compte bien vérifier, et ce, pas plus tard que cette nuit.
Mais que faire lorsque son père, le roi Teppicymon XCXVII, souverain
du plus vieux mais néanmoins pharaonique royaume
du Disque-Monde vient à mourir ? Non pas que ce soit de gaieté
de cœur : en effet, difficile de faire comprendre aux embaumeurs et aux
prêtres qu'il n'est pas question d'être enseveli sous des millions de
tonnes de cailloux, qu'il reste une éternité de choses intéressantes
à voir et que de toute façon, les caisses du royaume sont à plat.
Surtout quand la pyramide en question disjoncte et se met à rameuter
toutes sortes de choses horribles par une faille spatio-temporelle...
Mon avis <;-D
De Sale-Bête, plus grand mathématicien du Disque et à
l'occasion chameau de son état, en passant par l'énigme du Sphinx revisitée,
il est très difficile de s'ennuyer dans "Pyramides", le septième volume
des Annales du Disque-Monde. Mais gare à la saturation si on se risque à lire
tous les volumes à la suite !
Extraits :
1- On disait que la vie ne valait pas cher à Ankh-Morpork. C'était, bien
entendu, archi-faux. La vie coûtait souvent les yeux de la tête, c'est la mort
qu'on pouvait avoir pour rien.
2- Le chameau laissa tomber le long de son nez son regard sur Teppic.
Son expression laissait clairement entendre que de tous les méharistes qu'il
aimerait le moins se coltiner, le jeune homme arrivait en tête de liste.
N'importe comment, les chameaux regardent tout le monde de cette façon-là.
Ils ont une approche très démocratique de l'espèce humaine. Ils en
détestent tous les membres sans distinction de rang ni de confession. Celui
ci avait l'air de mâcher du savon.
3- Ils vont sûrement nous éclairer sur ce que nos ancêtres
penseraient s'ils vivaient aujourd'hui. On s'interroge souvent à ce propos.
Approuveraient-ils la société moderne ? se demande-t-on,
s'émerveilleraient-ils devant les réalisations actuelles ? Et bien sûr on
oublie un détail essentiel. Ce que nos ancêtres penseraient réellement
s'ils vivaient aujourd'hui, c'est : "Pourquoi il fait si noir là-dedans
? "
4- Sale-Bête cracha. Six mètres plus loin la mouche à viande fut
proprement fauchée en plein vol et plaquée contre le rocher voisin.
- C'est étonnant comment ils font ça, je trouve, dit Teppic. L'instinct
animal, j'imagine." Sale-Bête lui lança un regard méprisant
par-dessous ses cils à balayer les dunes et songea : ... Soit z = ei0. Mâchemâchemâche.
Alors dz = ie (i0) ; d0 = izd0 ou d0 = dz/iz...
"Au
Guet !"
Titre
original : - Guards ! Guards ! -, 1989
Quatrième
de couverture :
Une société secrète d'encagoulés complote pour renverser le
seigneur Vétérini, Patricien d'Ankh-Morpork, et lui substituer un roi.
C'est sans compter avec le guet
municipal et son équipe de fins limiers.
Une affaire à la mesure du capitaine
Vimaire - s'il boit, c'est pour oublier les laideurs de la vie - et de ses
brillants adjoints. ("Tous pour un !")
Et lorsqu'on retrouve au petit jour dans
les rues les corps de citoyens transformés en biscuits calcinés, l'enquête
s'oriente résolument vers un dragon de vingt-cinq mètres qui crache le feu ;
on aurait quelques questions à lui poser.
Mais peut-être la collaboration du
bibliothécaire de l'Université ne sera-t-elle pas inutile : n'arbore-t-il pas
aussi une plaque de la DST (Défense simienne du territoire) ?
Mon avis <;-D
Encore un excellent numéro du feuilleton
à rallonge que constitue le Disque-Monde, humour compris. Tout y est, les
personnages du casting jouant dans toutes les catégories : poids lourd pour le
noble Dragon ramené de son profond sommeil pour devenir roi d'Ankh-Morpork (!)
; poids moyen pour le Capitaine Vimaire de la Garde de Nuit ainsi que pour le
Patricien Vétérini qui décidément a toujours une longueur d'avance ; poids
léger pour Errol le dragon des marais et son système digestif particulier,
ex-aequo avec le grand (en taille) Carotte adopté par des nains des montagnes ;
et même poids anthropoïde pour le bibliothécaire, sans qui les histoires du
Disque ne finiraient jamais aussi bien pour tout le monde.
Évidemment, comme
dans toute compétition, il y a les hors-classe, telle Mme Ramkin, noble Dame
éleveuse de dragons d'épaule, tâche qui demande un dévouement constant pour
ces petites bêtes explosives mais tellement affectueuses...
En plus, le
célèbre espace B qui existe entre le livres des rayonnages de la bibliothèque
de l'Université de l'Invisible fait parler de lui pour la première fois.
Il faudra toutes
les compétences de notre anthropoïde de bibliothécaire pour se garder d'une
chute sans retour dans les méandres de l'espace et du temps, et ainsi
contribuer avec la dorénavant célèbre Garde de Nuit du Guet des Orfèvres
(capitaine Vimaire, sergent Côlon, caporal Chique et nouvelle recrue Carotte)
pour sauver la fragile Ankh-Morpork des griffes du Dragon.
Un vrai plaisir
:-)
Extraits :
1- Il faut un esprit particulier pour gouverner une cité
comme Ankh-Morpork, et le seigneur Vétérini avait cet esprit-là. Remarquez,
il était lui-même un quidam particulier.
Il déroutait et horripilait les
princes du commerce moins importants, au point qu'ils avaient depuis longtemps
renoncé à l'assassiner et se contentaient d'intriguer désormais entre eux
pour décrocher les meilleurs rôles. De toute façon, l'assassin qui aurait
voulu s'attaquer au Patricien aurait été bien en peine de trouver assez de
chair pour y enfoncer sa dague.
Alors que d'autres seigneurs
déjeunaient d'alouettes fourrées aux langues de paon, le seigneur Vétérini
considérait qu'un verre d'eau bouillie et une demi-tranche de pain sec
suffisaient en matière de raffinement.
C'était exaspérant. Il n'avait
apparemment aucun vice qu'on pût découvrir. A voir sa figure pâle et
chevaline, on aurait crû que ses goût le portait vers les fouets, les
aiguilles et les jeunes filles dans les cachots. Les autres seigneurs
n'auraient rien trouvé à y redire. Les fouets et les aiguilles, ça n'allait
pas loin tant qu'on s'y adonnait avec modération. Mais le Patricien passait
manifestement ses soirées à lire des compte-rendus et, en certaines
occasions, quant il avait envie d'émotions fortes, à jouer aux échecs.
Il s'habillait beaucoup en noir. Il ne
s'agissait pas d'un noir imposant comme celui que portaient les meilleurs
assassins, mais du noir discret, légèrement passé de qui ne veut pas perdre
son temps chaque matin à se demander quoi mettre. Et il fallait se lever de
bonne heure pour triompher du Patricien ; en fait, il était plus sage de ne
pas se coucher du tout.
2- L'atmosphère se figea au point qu'on
entendait presque la chute indolente de la poussière. Le bibliothécaire
avançait en rythme sur se phalanges entre les rayonnages interminables. (...)
Il paraissait parfaitement logique au bibliothécaire, puisqu'il y avait des
passages bordés d'étagères tournées dans l'autre sens, qu'il devait donc
exister d'autres allées dans l'espace entre les livres eux-mêmes, dues aux
ondulations quantiques générées par le simple poids des mots. Assurément,
des bruits bizarres parvenaient depuis l'arrière de certains rayonnages, et
le bibliothécaire savait que s'il retirait doucement un livre ou deux, il apercevrait
d'autres bibliothèques sous d'autres cieux.
Les livres
gauchissent le temps et l'espace. Une des raisons pour lesquelles les
bouquinistes, dans les petites boutiques exiguës et pleines de recoins dont
on a déjà parlé, ont toujours l'air de tomber du ciel, c'est que nombre
d'entre eux débarquent effectivement d'ailleurs, qu'ils se sont égarés chez
nous après avoir pris un mauvais embranchement dans leurs propres librairies,
sur des mondes où l'on estime de bon ton pour la profession l'habitude de
porter en permanence des pantoufles et d'ouvrir à la clientèle uniquement
quand on en a envie. On s'égare dans l'espace B à ses risques et périls.
(...) Toutes les bibliothèques, partout, sont reliées dans l'espace B.
Toutes les bibliothèques. Partout.
"Le
Faucheur"
Titre
original : - Reaper Man -, 1991
Quatrième
de couverture :
Mort ? Déprimé
? Envie de repartir à zéro ? Alors pourquoi ne pas venir au CLUB DU NOUVEAU DÉPART
? Tous les mardis, minuit, 668, rue de l'Orme. OUVERT A TOUS
TENUE DE SUAIRE NON EXIGÉE.
Du
pain sur ses quatre planches pour le défunt Raymond Soulier, activiste résolu
: fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines... les morts-vivants se
multiplient.
Car
une catastrophe frappe le Disque-monde : la Mort est porté disparu (oui, la
Mort est mâle, un mâle nécessaire). Il s'ensuit un chaos général tel qu'en
provoque toujours la déficience d'un service public essentiel.
Tandis
que, dans les champs d'une ferme lointaine, un étrange squelette ouvrier
agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n'attend pas...
Mon avis :-)
Malgré
le foisonnement de bonnes trouvailles, le Faucheur se situe à mon avis
quelques degrés en dessous dans l'humour habituel de Terry Pratchett, même si son
style d'écriture est toujours aussi caractéristique des Annales du
Disque-monde. Surtout que le scénario de départ du Faucheur ressemble
à s'y méprendre à celui de Mortimer, où la Mort a aussi disparu sans
laisser d'adresse. Mais cette fois-ci, il est contraint et forcé de se rendre
sur le Disque, et malheureusement pour lui, non plus pour motif touristique. Ce
sont les mages de l'université invisible ainsi que les revenants de tout poil
qui monopolisent le devant de la scène, les coulisses restant aux bons soins
des forces obscures qui dirigent le Disque-Monde. A lire pour parfaire sa connaissance des moindres recoins du
Disque et de sa faune si particulière. A noter la présence de la Mort au top
de sa forme.
Extraits :
1- Une
porte s'ouvrit à la volée et un costume apparut devant des chaussures qui
dansaient et sous un chapeau qui flottait au-dessus d'un col vide.
Immédiatement derrière jaillit un homme tout maigre qui tâchait d'obtenir
avec un gant de toilette le même résultat qu'avec un pantalon. "Revenez
ici ! brailla-t-il alors que ses vêtements tournaient à l'angle de la rue.
Je n'ai pas fini de vous payer, je dois encore sept piastres !"
Un
deuxième pantalon sortit à toutes jambes sur la chaussée et leur
courut après.
Les
mages se regroupèrent comme un animal à cinq têtes pointues et dix pattes
en se demandant qui serait le premier à émettre un commentaire.
"Putain,
ça, c'est pas croyable ! s'exclama l'archichancelier.
-
Hmm ? fit le doyen en laissant entendre qu'il voyait des choses beaucoup moins
croyables à longueur de temps et qu'en attirant l'attention sur de vulgaires
habits en train de cavaler tout seuls, l'archichancelier dévalorisait le
métier de mage.
-
Oh, allons. J'connais pas beaucoup de tailleurs dans le coin qui donneraient
en prime un deuxième froc pour l'achat d'un costume à sept piastres, dit
Ridculle.
-
Oh, fit le doyen.
-
S'il repasse, essayez de lui faire un croche-patte, que je jette un coup d'œil
à l'étiquette.
2-
Bien que peu fréquents sur le Disque-monde, il existe des actes qualifiés
d'antidélits, en fonction de la loi fondamentale que tout dans le multivers
possède son contraire. Des actes bien entendu exceptionnels. Faire banalement
un présent à quelqu'un n'est pas le contraire du vol ; pour que ce soit un
antidélit, il faut qu'il en résulte outrage et/ou humiliation pour la victime.
On assiste ainsi à des dons avec effraction, cadeaux qui ne font pas plaisir
(comme la plupart des cadeaux de départ en retraite) et lettres de
déchantage (quand on menace un gangster de révéler à ses ennemis ses dons
anonymes, par exemple à des oeuvres de bienfaisance.) Les antidélits n'ont jamais
vraiment connu le succès.
3-
Les rapports entre l'Université et la Patricien, souverain absolu et
dictateur presque bienveillant d'Ankh-Morpork, étaient à la fois complexes
et subtils.
Selon
les mages, en tant que serviteurs d'une vérité plus élevée, eux-mêmes
n'étaient pas soumis aux lois terrestres de la cité.
Selon
le Patricien, c'était effectivement le cas, mais ça ne les empêchait pas de
payer leurs foutus impôts comme tout le monde.
Selon
les mages, en tant que partisans de la lumière de la sagesse, ils ne devaient
allégeance à aucun mortel.
Selon
le Patricien, c'était peut-être vrai, mais ils devaient quand même un
impôt local de deux cents piastres par tête et par an, payable tous les
trimestres.
Selon
les mages, l'Université reposait sur un terrain magique, elle était donc
exempte de tout impôt, et puis on ne taxe pas le savoir.
Selon
le Patricien, si, on le taxe. C'était deux cents piastres par tête ; si ça
les gênait par tête, on pourrait en faire sauter quelques unes.
Selon
les mages, l'Université n'avait jamais payée d'impôts à l'autorité
civile.
Selon
le Patricien, il ne comptait pas rester civil longtemps.
Selon
les mages, ils pourraient peut-être facilités de paiement.
Selon
le Patricien, c'était justement des facilités qu'il leur proposait. Ils
n'aimeraient sûrement pas qu'il leur parle des difficultés.
Selon
les mages, il y avait eu un dirigeant dans le temps, oh, durant le siècle de
la Libellule, peut-être bien, qui avait voulu dicter sa conduite à
l'Université. Le Patricien pouvait venir jeter un coup d'œil au bonhomme si
ça lui disait.
Selon
le Patricien, il le ferait. Sans faute.
Finalement,
il fut convenu que les mages ne paieraient bien sûr pas d'impôts, mais
qu'ils feraient une donation parfaitement spontanée de... oh, disons deux
cents piastres par tête, sans parti pris, mutatis mutandis, sans
conditions, à n'utiliser impérativement que dans des buts non militaires et
respectueux de l'environnement.
C'est
cette interaction dynamique de blocs d'influence qui faisait d'Ankh-Morpork
une ville si passionnante, stimulante et surtout vachement dangereuse où
vivre.
Liens
concernant Terry Pratchett et son oeuvre :
- http://gremloic.citeweb.net/pratchett/
La traduction du site officiel - en français -
- http://pratchett.free.fr/
Un site francophone non officiel - en français -
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