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- Deus ex
- Les
avaleurs de vide
"Deus
ex"
Titre
original : - Deus X -, 1992
Quatrième
de couverture :
Machines,
avez-vous donc une âme ?
Telle
est la question qui déchire l'Église Catholique en ce début du IIIème
millénaire, où un vaste réseau informatique permet de stocker les duplicata
numérisés de nos personnalités en attendant de les greffer sur des clones -
et du même coup de faire accéder l'humanité à une forme d'immortalité.
Jusque-là, le Vatican s'est refusé à considérer l'âme comme un simple
logiciel et à admettre que les "entités successibles" puissent en
posséder une, d'où une baisse grandissante de sa popularité déjà bien
entamée. Une situation à laquelle Mary Ière, papesse de choc nouvellement
élue, est décidée à mettre fin au risque de se frotter à Satan...
Ce
sera le projet Deux Ex. Comme dans Deus ex machina.
Mon avis :-)
Assez complexe et
se prêtant plus qu'à son tour à la réflexion philosophique, Deus ex
nous fait découvrir un monde à l'agonie et qui ne possède que les réseaux du
Big Board comme solution de repli pour une humanité qui sera bientôt privée
de biosphère viable, et ce à très courte échéance. La question primordiale
pour l'Église reste de savoir si ces entités successibles virtuelles
possèdent l'âme de ceux quelles sont censées représenter, ou si ce ne sont
que de pâles copies de programmes automatisés dépourvus de libre-arbitre. De
ce choix dépendra la possibilité d'une nouvelle humanité, ayant pour cadre
les bits et les octets du Big Board au lieu d'une planète à l'écosystème
totalement épuisé.
Extraits :
1- Même avec
le dinocasque, tout ce que tu as, c'est une vision stéréoscopique en couleur
de 360° et un son omniphonique. Non que je m'en plaigne, camarade, la vue et le
bruit de l'Autre Côté me suffisent largement !
De
ce côté-ci de la Limite, on a ce qui reste du prétendu monde civilisé accro
non-stop aux Mille et Une Nuits de l'environnement récréatif, pendant que les
eaux nous montent jusqu'au cul et que l'effet de serre grille ce qui nous reste
de cerveau.
Et
les entités de l'Autre Côté ne prétendent pas non plus être de joyeux
lurons. Leurs gabarits carniciels leur garantissent une éternité de bonheur
posthume qui semble paradisiaque à la chair moribonde : libre accès à un
millier de chaînes récréatives interactives et à toutes les banques de
données qu'on peut ingurgiter. Mais, une fois là-dedans, on se lasse très
vite. Avec rien que du visuel et du son, sans goût ni odeur ni sensation
kinesthésique, ça manque de réalité, et même branché sur les chaînes
porno interactives, on n'est soi-même pas tout à fait réel.
A
en croire la plupart, exister sous forme de programme sur le Big Board - si tant
est qu'on existe en étant sujet à une angoisse électronique permanente ! -
est une pâle copie de l'état de personne dans les limbes à la Disneyland, où
le grand frisson consiste à essayer d'inventer une nouvelle manière de se
baiser la gueule pour se croire réel.
2- Je veux
enregistrer l'hologramme de votre conscience et installer votre entité
successible dans le réseau informatique du Vatican. Je veux entendre vos sages
conseils depuis l'Autre Côté.
-
Quoi ! m'exclamais-je en me mettant de bout, les poings levés.
-
Rasseyez-vous, mon père, et écoutez-moi jusqu'au bout !" ordonna la
papesse.
Je
me laissai retomber dans mon fauteuil, frappé de stupeur.
"Oui,
oui, je sais, vous êtes scandalisé. Vous êtes fermement convaincu qu'une
telle entité successible serait un golem satanique de l'informatique, et que
votre âme immortelle risquerait déjà le Jugement Dernier pour le péché de
sa création. Ou pire encore, qu'elle serait piégée dans les limbes
électroniques éternels. Je vous l'ai dit, j'ai lu tous vos écrits. C'est
pourquoi vous êtes l'homme de la situation. C'est pourquoi aussi, si vous
acceptez de nous servir, vous serez un vrai saint.
-
Je n'entend pas grand chose de ce que vous dites, Votre Sainteté, gémis-je,
mais ce que j'entends sent le péché mortel.
-
Sans doute est-ce vrai, concéda la papesse. Sans doute est-ce là une chose
terrible à demander. mais vous êtes le choix idéal, père De Leone, justement
parce que votre entité successible sera un témoin hostile à l'existence de sa
propre âme.
-
Un témoin hostile ?
-
Bien sûr, car quoi que vous puissiez penser de son âme, pour ce qui est du
système expert, celle-ci modélisera vos croyances et vos convictions et
raisonnera comme vous le feriez, dit la papesse avec un sourire narquois. Vous
en suggérez quand même pas que le programme aurait une volonté propre et
raisonnerait autrement ?"
Son
sourire devint encore plus ironique.
"Les
avaleurs de vide"
Titre
original : - Riding the torch -, 1979
Quatrième
de couverture :
Depuis des
siècles qu'ils errent dans l'espace en quête d'une planète habitable, les
vagabonds du Trek se sont presque accoutumés à vivre suspendus dans
l'immensité interstellaire.
Presque.
Car l'espoir ne les a pas quittés de découvrir un jour, dans cet univers vide
et sans vie, le nouvel Eden qui remplacera le monde que leurs ancêtres ont
assassiné : la Terre.
A
bord des vaisseaux-torches, la Grande Migration sillonne l'abîme infini,
précédée par des éclaireurs, les avaleurs de vide, qui, eux, connaissent
l'insupportable vérité...
Mon avis :-\
Si le thème
abordé est intéressant - le vide de l'univers, la vie, la capacité
d'adaptation de l'homme - l'écriture est assez difficile et non conseillée
pour les débutants qui pourraient se décourager rapidement au vu du premier
chapitre, assez ardu. Les quelques personnages ne sont là que pour mettre en
valeur les idées sous-tendues et s'oublient aussitôt le livre refermé.
L'intérêt réside surtout dans l'isolement des "avaleurs de vide"
dans l'espace, qui entraîne une meilleure connaissance d'eux même et une
recherche intérieure à propos de leur existence ou de leur non-existence ainsi
que de la place de l'humanité dans l'apparent désert de l'espace.
Extraits :
1- Il était, et
il était dans le vide - telle était la réalité. Il se mouvait dans un tout
statique ; il entendait le bruit de sa respiration dans un univers de silence
: c'était la vérité à laquelle il ne pouvait échapper. Il percevait la forme
de son corps comme l'interface séparant sa réalité interne du néant
extérieur, et tout le reste comme à jamais informe dans l'espace et
le temps. C'était le vide, c'était l'univers, c'était la réalité de son
essence, cette réalité que les hommes fuyaient : dans la religion, le rêve,
l'art, la poésie, la philosophie, la métaphysique, la littérature, le
cinéma, la musique, la guerre, l'amour, la haine, la paranoïa, le senso et
le branchement. Dans l'infini des réalités intérieures.
En
dehors des réalités de l'esprit, il n'y avait qu'un néant sans forme ni
fin, contaminé par d'infimes parcelles de matière. Et l'homme n'était que
le produit terminal d'une chaîne de collisions improbables, dues au hasard,
entre ces anomalies sans signification. Le vide l'ignorait et ne s'en souciait
aucunement : le vide n'existait pas. Il était la non-existence éternelle et
infinie qui englobait et écrasait de son immensité ce qui existait. (...)
Jofe
se vivait comme une mince coquille d'être autour d'entrailles de néant
flottant dans un non-être qui s'étendait à l'infini, sans forme et sans
durée. Il était l'interface à l'épaisseur d'atome entre le vide extérieur
et le vide intérieur ; une anomalie dans tout ce néant, une cocarde nouée
par hasard où, replié sur lui-même, le rien avait produit quelque chose -
la conscience, l'être, la vie. Il n'était rien et il était tout ce qui
était. Il était l'interface. Il n'existait pas, il était chaque
chose.
Liens
concernant Norman Spinrad et son oeuvre :
- http://ourworld.compuserve.com/homepages/normanspinrad
Le site de l'auteur - en
anglais -
- http://www.surf.be/membres/pds/Auteurs/Spinrad/Spinrad.htm
Biographie - en français -
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