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La Saga du Pliocène - Le pays multicolore - Les conquérants du Pliocène - Le Torque d'or "La Saga du Pliocène" - Par Jean-Marc Suzzoni - Géologie et Science-fiction
Pour
un géologue, amateur de science-fiction, la plupart des romans de SF où les géosciences
sont présentes (thèmes, sous-thèmes, décors ou facilités d'écriture pour
l'auteur), constituent le plus souvent une déception certaine.
A côté de l'excellent roman d'aventures, quoique ancien, La Vermine du Lion (de Francis Carsac, un géologue lui), combien de ridicules navets tel Les Déportés du Cambrien (de Robert Silverberg, pourtant mieux inspiré d'habitude!), tels Le Cri du Tyrannosaure ou La Planète des Dinosaures (de Stephen Leigh). Même
si l'exactitude totale du côté scientifique d'un roman de science-fiction
n'est pas ce qui me semble primordial, il vaut mieux éviter les "grosses
boulettes". Ainsi
Silverberg
aurait su en ouvrant n'importe quel précis de géologie que l'atmosphère
terrestre au Cambrien devait être très différente de l'actuelle (donc
irrespirable pour des humains sans appareillage), et que les Trilobites étaient
des arthropodes des fonds marins et pas des "crabes" amphibies, donc
difficilement ramassables sur les rivages par les déportés pour améliorer
leur ordinaire... Ce
ne sera pas le cas ici. En effet, même si l'énorme Saga du Pliocène de
Julian
May n'est qu'une série de romans d'aventures, il n'y a pas vraiment
de grosses erreurs géoscientifiques... Preuve
qu'avec un peu de travail on peut arriver à satisfaire le fan et le critique
amateur et le géologue... L'auteur Avant
de découvrir le premier livre de Julian
May,
je ne savais pas grand chose d'elle. Heureusement un petit CV réalisé par Michel Demuth (par
ailleurs auteur de l'excellente traduction) se trouve en introduction du roman. Julian May est née en 1931 à Chicago et fut surtout une fan de SF, une accro à ces grandes réunions de milliers d'amateurs du genre (aux USA...) où ceux-ci viennent costumés pour acclamer ou huer leurs auteurs préférés. Après
une unique nouvelle de SF publiée en 1951, Julian
May se métamorphosa, sous divers pseudonymes, en une mercenaire de
la plume : articles scientifiques ou de vulgarisation, biographie..., durant 30
ans. Plus de 9000 articles sortirent ainsi de sa machine à écrire... C'est
le premier volume de la Saga du Pliocène : The Many-colored Land (1981) qui la fit reconnaître à nouveau
du petit monde de la SF (nominé mais pas nommé pour les prix Hugo et Nébula
de cette année là) ainsi que du grand public américain qui attend avec
impatience chaque nouvel épisode de cette time-planet romance... Après Temps Futur, qui, il y a une bonne quinzaine d'années, nous avait proposé en français le début de la Saga du Pliocène, J'ai Lu nous présente dans sa collection Fantasy (encore une erreur à mon avis car il s'agit évidemment d'une oeuvre de science fantasy...) la traduction (de l'excellent Michel Demuth) des premiers tomes de cette série, sous l'appellation de la Saga des Exilés. - Le Pays multicolore - (The Many-colored Land, 1981) - Les Conquérants du Pliocène - (The Many-colored Land, 1981) - Le Torque d'or - (The Golden Torc, 1981) - The
Non-Born King -,
1982 (A
paraître ?) - The
Adversary
-, 1983 (A paraître ? - A Pliocène Companion -, 1984 Il
existe deux autres séries se déroulant dans le même univers. La première
composée de quatre romans concerne cette fois-ci le "Milieu
Galactique". La seconde, avec trois volumes, commence à être traduite et
éditée par Pocket, dont le
premier titre, l'Éperon
de Persée vient juste de sortir dans la collection Grand
Format de cet éditeur Le Pliocène, et la Cataracte de Gibraltar Le
Pliocène est une courte période dans l'histoire de la Terre. Elle s'étend
entre - 5,3 et - 2 millions d'années, terminant l'Ère Tertiaire et précédant
l'Ère Quaternaire. En
Europe occidentale, c'est la période des Mastodontes à 2 défenses (ancêtres
des Éléphants actuels) des Mammouths, des "tigres à dents de
sabres" (Machairodus), des ancêtres des petits carnassiers (chiens,
chats...) et des herbivores actuels (chevaux, girafes...). Le
climat y est plutôt doux, bien que la fin de la période soit marquée par la
première des grandes glaciations européennes, celle dite de Biber. Ce qui
explique peut-être le développement des premiers hominidés intelligents (?)
à stature verticale : les derniers Rama-pithèques et les premiers Australopithèques
(connus pour le moment en Inde et en Afrique orientale)... C'est donc un magnifique décor de romans d'aventures que Julian May va trouver là, assez familier et connu scientifiquement pour ne pas commettre de trop grosses boulettes, assez exotiques pour séduire le lecteur. La
seule "erreur" scientifique notable tient au fait qu'entre la fin des
années 70, le moment où le roman a été écrit, et 1999, l'année où vous
allez lire le premier tome de la Saga du Pliocène, la connaissance géologique
a évolué notablement. Effet,
la théorie scientifique de l'existence d'un vaste bas-fond à l'emplacement de
la Méditerranée actuelle, plusieurs centaines de mètres (voire deux kilomètres)
plus bas que le niveau de l'Océan Atlantique à la même époque, théorie
avancée à peu près à cette époque et dont l'auteur a profité, ne tient
plus. La
cataracte de Gibraltar par laquelle l'Océan Atlantique aurait envahi et submergé
le Pays Multicolore n'était qu'une très (trop) belle vue de géo-poésie et la
glissade vertigineuse du Rhône n'était qu'une grande ria à la mode de
Bretagne... Le bas-fond a évidemment existé, mais il n'était sans doute
qu'une zone de lagunes ou de chotts, à peu près de niveau avec l'Atlantique. Des
travaux récents tendraient à prouver qu'il y avait une communication entre mer
et océan par le Maroc, un peu au sud de Gibraltar, durant le Pliocène. Dommage... Car la cataracte avait une classe folle... Intrigues En
ce XXIème siècle où l'humanité a été contactée par des civilisations
extraterrestres et intégrée au Milieu Galactique, Théo
Gudérian, physicien de génie, découvrit qu'au voisinage de la ville de
Lyon, il y existait un lieu où on pouvait établir une communication à sens
unique vers le Pliocène. Bien vite, après la mort du professeur, Angélique, sa veuve, se trouva contrainte, pour de banales raisons d'abord financières, par simple altruisme ensuite, de laisser partir des aventuriers vers le passé. Au XXIIème, la civilisation terrienne, devenue la sixième des Races Unies, colonise plus de sept cents nouveaux mondes et développe parmi certains membres de sa population des pouvoirs parapsychiques et des métafonctions telles la télépathie et la psychokinésie. En
dépit de cet état plutôt satisfaisant, la société terrienne engendre pourtant autant d'inadaptés et d'exclus
qu'avant le contact. Pour ceux-ci, il existe un exil à sens unique : le portail
temporel du professeur Gudérian, pris en charge par une fondation après le départ
d'Angélique Gudérian pour le Pliocène. La
trame principale de la saga est constituée par les aventures des huit
personnages qui s'exilèrent dans la journée du 25 Août 2110 vers le Pliocène
: un capitaine de nef interstellaire interdit de vol, un paléontologue de 133
ans, une religieuse voulant mener une vie d'ermite, un anthropologue recherchant
la femme de sa vie partie elle aussi pour le passé, un mineur rêvant de vivre
comme au temps des Vikings, une jeune athlète violente et perturbée, un jeune
escroc, et une femme ayant subi un grave traumatisme cérébral. Les trois
derniers de ce groupe d'exilés ayant des pouvoirs métapsychiques latents ou rémanents. Tous
se préparent à vivre dans un environnement sauvage, difficile, mais stimulant.
Ils découvrent à leur émersion dans le passé que la Terre au Pliocène est
localement colonisée par une population humanoïde venue d'une autre galaxie.
Ces dernier sont eux aussi des exilés venus s'installer sur un monde non-habité
pour y pratiquer leur rituels à la fois barbares et sophistiqués. Capturés par la faction dominante de ces extraterrestres, les huit voyageurs temporels vont découvrir que leurs prédécesseurs sont tombés pour la plupart sous le joug psychique des étrangers... Un poil de critique Pas de critique sociologique du monde contemporain ou d'interprétation philosophique du mal de vivre du XXème siècle, ni de prospective technologique ou scientifique, cette série est une saga au sens initial du terme : une suite de récits d'aventures. Point.
Et une série qui sent bon le charme rétro des grands romans d'aventures de SF des années 50 : ceux de Poul Anderson, Lyon Sprague de Camp ou Raymond Hamilton... C'est
bien raconté, bien décrit, bien écrit et bien traduit. Et moi je trouve cela très distrayant. Que demander de plus ? Jean-Marc Suzzoni Liens concernant Julian May et son oeuvre : - http://indigo.ie/~radiospu/may2.html Les dernières nouvelles de l'auteur, un lien vers une liste de discussion - en anglais - |
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